Amateurs de science-fiction, attention, chef
d’œuvre !
Dans un futur lointain, Verloc Nim se réveille totalement
amnésique sur la planète Ona(ji) en plein désert avec
pour seul compagnon un robot gorille doué pour la
bagarre et amateur de cigares. Voilà pour le point de
départ assez hallucinant de la série Aâma. L’histoire est
racontée à travers le carnet de notes du héros, qui, au
gré de ses lectures nous raconte comment il est arrivé là.
Pour le décor, on se rend vite compte que l’univers se
rapproche d’un monde que n’aurait pas renié Aldous
Huxley. En effet, ici les Humains « s’améliorent »
grâce à la technologie : par conséquent, concevoir un
enfant « naturellement » est devenu une hérésie. Les
conglomérats agro-politico-pharmaceutiques dominent
la pensée et l’ordre mondial, les riches vivent en haut
des villes et les pauvres crèvent dans les bas fonds.
C’est de là que provient Verloc. Opposant au système
dictatorial en place, amateur de « vrais livres » et
drogué invétéré, cet antihéros suivra son frère Conrad
dans une aventure qui le dépassera totalement. Les deux
hommes partiront ainsi à la recherche d’une substance
étrange nommée Aâma.
Et c’est là que les choses se gâtent. . En croyant fuir ses
problèmes personnels : drogue banqueroute, divorce
et interdiction d’approcher de sa fille, Verloc verra son
passé le rattraper dans une nature aussi hostile que
stupéfiante.
Sorte de « Alice au pays des merveilles » version SF les
personnages basculent dans une réalité toute autre,où l’on
ne sait plus ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Jusqu’à quel point l’Humain a
le contrôle sur son environnement ? A quel point peut-on
contrôler le vivant ? Quelle place l’imaginaire peut jouer
dans une société ultra technologique ? C’est de tout cela
que parle Aâma, et bien plus encore. Véritable déclaration
d’amour Humaniste au vivant, il y’a du Miyazaki dans la
découverte de ce monde. Récit initiatique d’un homme
confronté à ses doutes, ses peurs, ses échecs. Et je ne vous
parle même pas des dessins géniaux d’un Peeters en ligne
direct avec Moebius. Le plus : Fauve d’or de la meilleure
série à Angoulême en 2013.