Vernis graphique.

Retour à Paradise ... et c’est toujours aussi beau. Ce tome 2 est graphiquement irréprochable, avec ses ambiances sombres et torturées, souvent noyées sous la pluie, ou étouffées dans la forêt géante. Les premières pages au bord du fleuve profitent d’une mise en couleurs parfaite, mais on regrette que les quelques scènes d’incendie n’aient pas été mieux fouillées. L’ambiance ne fait pas tout : perspective et angles de vue sont également excellents, les effets de zoom d’une vignette à l’autre fonctionnent très bien.

Là où cela se gâte, c’est du côté des personnages : ils sonnent creux. Même quand on leur donne une vraie gueule, ils restent tous fades et falots. Ils n’ont pas d’autre consistance que le rôle qu’ils ont à jouer dans le développement de l’intrigue, et c’est bien dommage : même le Major Goodmorning ou le prince-enfant manquent de profondeur, alors qu’ils auraient pu être traités vingt fois mieux.
L’héroïne principale, Malkia Crown, n’a aucune épaisseur, avec son visage rebelle éternellement figé. Et quand le dessinateur tente de lui donner des expressions, cela vire à la catastrophe graphique, par exemple lorsque Malkia découvre les soldats égorgés. Egalement, être mordue par un serpent peut-être mortelle ne semble pas l'émouvoir plus que cela ...
C’est d’autant plus dommage que l’univers est plutôt séduisant, et que l’intrigue tient à peu près la route : mais décidément, les personnages ne véhiculent rien du tout.

Enfin la gestion du temps et de l’espace est assez médiocre : les ellipses, les flashbacks et les voyages s’enchaînent d’une vignette à l’autre, en plein cœur d’une page, sans autre raison que les besoins de faire avancer le scénario. C’est sûrement un parti pris des auteurs, mais cela n’aide vraiment pas à la clarté de l’intrigue...

Un album creux, maquillé sous un vernis graphique irréprochable.