Le Detection Club regroupe les grands auteurs britanniques de l’âge d’or du roman « à énigme ». Fondé en 1930, on y comptera comme membres éminents G. K. Chesterton ou Agatha Christie. Le but de ce club étant de discuter de la technique et des règles qui se doivent de régir le récit policier.
C’est en 1936 qu’est organisée, sous la présidence de Chesterton, la cérémonie d’intronisation du premier auteur non britannique : John Dickson Carr.
C’est sur ce postulat véridique que s’ouvre le nouveau livre de l’auteur d’Ulysse, les chants du retour.
Sauf que l’ambiance feutrée du salon « littéraire » va être perturbée par l’irruption d’une étrange invitation qui va faire de nos écrivains de véritables héros de fiction. Ainsi va démarrer, sur une île de Cornouailles, une captivante enquête qui mêlera humour, clins d’œil littéraires, robotique et sens des dialogues.
Avec Le Detection Club, Jean Harambat démontre une fois de plus qu’il est un des plus brillants dialoguistes de la bande dessinée actuelle. Tout comme dans ses ouvrages précédents, il mêle avec enthousiasme érudition et souffle romanesque. Ses personnages ne sont jamais de simples « marionnettes » soumises à un récit. Chesterton, Agatha Christie, ainsi que tous les personnages qui s’animent sur cette île désolée, sont incarnés et porteurs d’une véritable émotion, et ce quelque soient les détours les plus « fantastiques » que puisse prendre le récit. Dans cette absence de rôles secondaires, et dans l’épure des moyens employés, frôlant parfois l’abstraction, on pense au cinéma de Bruno Podalydès, et notamment au Parfum de la dame en noir, adapté de Gaston Leroux. Non seulement Jean Harambat invente des héros de fiction prégnants, mais il dialogue aussi avec le réel, en nous invitant à nous replonger dans les écrits de ce cercle d’écrivains qui considéraient le récit criminel comme un art des plus estimables.
Bruno