Cette nouvelle vision des vampires est mordante
Quel plaisir de pouvoir enchaîner de suite avec le tome 2 d’American Vampire. L’histoire de Snyder et King dans le premier volet est tellement forte, tellement prenante que l’on ne veut pas s’arrêter. Dans ce deuxième tome, deux histoires bien distinctes, l’une, principale, nous présentant les Vassaux de Vénus et l’autre se centrant sur Pearl.
Dans l’Amérique des années trente, tandis que la majeure partie du pays souffre de la Grande Dépression, la ville de Las Vegas entame quant à elle sa mutation : jeux d’argent, prostitution et corruption lui valent déjà son surnom légendaire de « Cité du Péché ». Quand les corps d’importants businessmans, vidés de leur sang, se multiplient aux coins des rues, l’agent McCogan est loin d’imaginer les raisons de cette hécatombe. Skinner et Pearl y seraient-ils pour quelque chose ? (vol.2 : #6-11)
Changement de décor, donc, pour la partie principale, on se retrouve à Las Vegas au milieu des années 30. Lorsque la ville devient peu à peu la cité du péché. Premier constat, un peu négatif pour le coup, la mise en second plan de Skinner Sweet. Certes cela est pour mieux se concentrer sur le shérif Cash McCogan, et certes cette saga est juste géniale mais il manque une la petite touche de folie, de sadisme qui vient avec Skinner. On suit donc principalement l’arrivée de Cash dans l’univers vampirique, entrée assez violente pour lui, le pauvre. Le personnage est tellement expressif, tellement entier, que l’on tombe avec lui. Physiquement il n’a rien, mais moralement il prend très, très cher en seulement un tome.
Un homme un peu bourru et bourrin, qui a la fâcheuse tendance de camper sur ses positions et ses certitudes. Pourtant, une série de meurtre et la rencontre avec Félica Book et son collègue vont le forcer peu à peu à réviser sa copie. Difficile pour un homme tel que lui de réaliser que les vampires ne sont pas une simple légende, mais qu’en plus ils ont investi sa ville, au propre comme au figuré. Et oui, excellente idée de Snyder de faire des vampires européens des investisseurs privés dans les affaires humaines. On se rend compte peu à peu depuis le premier tome, qu’ils ont la main mise partout.
Pour ce qui est des Vassaux de Vénus, il s’agit pour le moment d’une petite approche, d’un premier contact. On n’apprend pas grand-chose sur eux, sauf lors de la rencontre de Lidden Hobbes (dégageant déjà beaucoup de charisme) et Abilena Camillo (de plus en plus belle) avec Pearl Jones (toujours aussi divine). Et encore on en apprend surtout davantage sur les vampires américains. Félicia Book n’est encore qu’une novice et n’agit pas beaucoup, du moins ne se met pas beaucoup en avant, et son collègue est transparent comme une vitre.
La seconde partie met donc l’accent sur Pearl et son mari, sur leur vie au calme, loin de tous les tracas et autres problèmes lié aux vampires. C’est même assez touchant de les voir ainsi, de les voir tant s’aimer, de les voir penser la même chose mais ne pas oser s’en parler. Mais tout cela pourrait être gâché par la découverte d’un trafic de sang de contrebande, ou encore sur le retour d’une vielle amie…
La narration est ici totalement différente, principalement centrée sur les pensées des trois protagonistes : Pearl, Henry et la rousse incendiaire pour ne pas la citer. On se retrouve donc avec une narration empreinte de douceur, de nostalgie, presque de tristesse. On s’attache à ce couple si touchant et l’on a qu’une crainte, qu’un malheur les frappe. Sentiment multiplié par cette narration.
Petit mot sur les vampires, toujours aussi sanglants, violents, charismatiques. Merveilleusement bien mis en image par un Rafael Albuquerque en grande forme, bien secondé par Mateus Santolouco dans la seconde histoire. L’hémoglobine coule à flot et les deux dessinateurs ne se fixent aucune limite dans l’horreur et la violence. Tant mieux ! Les vampires ne sont pas des mijaurées, ils sont violents, haineux, sadiques et nous font peur. Tout le portrait des vampires de Snyder, dessinés par Albuquerque. Une grande réussite.
On se rend également compte qu’un vampire se sentant en danger, comme les vampires européens vis-à-vis des vampires américains, deviennent encore plus sadiques dans leur façon de torturer…
J’aime beaucoup la multiplication des espèces de vampires, de leurs particularités, de leurs différences. Chouette boulot.
Bref, c’est toujours aussi énorme, même si je place ce tome 2 un peu en dessous du premier. On continue de voir nos personnages naviguer au gré des époques et dans des lieux si différents. Scott Snyder réussi son pari de relancer les vampires, ils ont rarement été aussi mordants !