Rambo Tsuno vs. Gigadragon(s) !
Waow, voilà un album qui décoiffe comme rarement ! Yoko fait trempette à Hong-Kong, un giga-monstre pulvérise son bateau, elle fait du chantage à une pauvre poissonnière chinoise, et boxe un voleur d’enfants à la tombée de la nuit ... tout cela en moins de dix pages !
L’intrigue de cette album est probablement la plus rapide, la plus violente, et la plus dépourvue de dialogues de toute la série : Roger Leloup dessine des planches très aérées, découpées en vastes vignettes à très grand format, idéales pour dépeindre un combat titanesque entre deux monstres marins.
Grande première chez Yoko Tsuno, la voici confrontée à la violence gratuite : les méchants n’ont aucune raison de mettre le feu à un pétrolier ou de faire rôtir un Boeing ... si ce n’est le plaisir de tuer des gens et de détruire des trucs. C’est sans surprise que notre héroïne considère ses opposants comme définitivement tarés : des ennemis aussi peu fouillés, on n'avait jamais vu ça.
On ressort complètement hébété de la lecture de cet épisode, sans trop savoir quoi en penser. Les dessins sont particulièrement sublimes, depuis les jeux de lumière sur Rosée-du-matin jouant avec son dragon, jusqu’à la confrontation titanesque entre les deux monstres, ou la peinture d’une Hong-Kong grouillant de vie.
Côté intrigues, certaines idées sont sublimes et complexes, comme lorsque Yoko ment à une enfant pour lui cacher la mort de son ami ... d’autres retournements se révèlent juste grotesques, par exemple le vieux grand-père qui annonce la mort de ses enfants comme s’il lisait la notice d’un grille-pain, ou bien le majordome du méchant qui est évidemment un tireur d’élite, ou encore Yoko qui a une famille tellement grande qu’elle a ses entrées dans toutes les banques hong-kongaises grâce à des cousines à la mode de Bretagne.
Quelque part à mi-chemin entre la fable magique sur l’enfance et l’hommage cyclopéen aux gros monstres de la pop-culture japonaise, Roger Leloup accouche d’un album complètement bancal et déjanté ... c’est nul, mais qu’est-ce que c’est bien ! Et le pire, c'est que ce n'était peut-être même pas fait exprès.