Prenant le total contre-pied de la précédente aventure urbaine, Franquin propulse ses personnages à la recherche des gorilles dans la savane africaine pour un reportage photographique. Parue à l’origine en 1956 dans le Journal de Spirou sous le titre "Le Gorille a mauvaise mine", cette aventure - pourtant peu citée lorsqu’on évoque les grands récits de Franquin - affirme définitivement le style de son créateur. Son trait est parvenu à la complète maturité qui le caractérise encore aujourd’hui. Pour preuve les premières planches hallucinantes de réalisme, que ce soient les deux premières en ville au crépuscule ou les suivantes qui présentent l’arrivée des héros dans un petit village minier sous la tempête. Les jeux avec la lumière (la mise en couleur) sont excellents et la description de la jungle est de toute beauté.
L’album contient une seconde aventure, "Vacances sans histoires", datant de 1957-58 et réalisée après Le Nid des marsupilamis (qui fait immédiatement suite au Gorille a bonne mine en 1956-57) et Le Voyageur du Mésozoïque (1957). C’est dans celle-ci que Spirou & Fantasio perdent leur belle turbotraction à cause de l’insupportable émir Ibn-Mah-Zoud, ce qui conduira à une petite histoire humoristique menée par Fantasio au volant d’un véhicule de remplacement assez improbable et franchement loufoque. On y croise également le jeune Gaston Lagaffe pour une cascade dont lui seul a le secret.