Sous le nom de Reineke, Benjamin Renner avait publié un ouvrage des plus sympathiques, « Un bébé à livrer ». Ce livre faisait intervenir les animaux de basse-cour dans une histoire rocambolesque pleine de rebondissements. À l’occasion de Noël, l’auteur avait proposé sur son blog une nouvelle histoire où, cette fois, les animaux essayaient de sauver les fêtes de fin d’année après avoir exécuté (pensaient-ils…) le Père Noël… « Le grand méchant renard », paru dans la collection Shampooing, reprend les personnages déjà connus mais peut être lu indépendamment du reste. Comme son nom l’indique, le personnage principal est ici le renard. Le tout pèse quand même plus de 180 pages.
Dans cette histoire, le renard ne fait peur à personne, au grand dam de l’intéressé. Il vient à la ferme tous les jours, essayant de récupérer une poule, mais se fait martyriser en permanence. Si bien que plus personne ne fait vraiment attention à lui. Afin de manger enfin du poulet, il décide de voler des œufs. Car, après tout, qu’y a-t-il de plus inoffensif qu’un poussin ? Bien évidemment, rien ne va se passer comme prévu.
Le style de Benjamin Renner se caractérise par une succession d’actions. Chaque décision en amène une autre, enfonçant le personnage de plus en plus dans son trou. Son personnage de renard est complètement dépassé par les événements, les subissant en permanence. Cela crée une empathie évidente et l’humour de l’auteur fonctionne à plein. On sourit en permanence, l’histoire ne faisant que peu de pauses dans les péripéties de notre goupil.
Benjamin Renner réussit la difficile tâche de créer un ouvrage aussi bien destiné aux adultes qu’à un public plus jeunesse. Le tout est bon enfant, jamais vulgaire ou violent. Il joue sur les codes classiques du conte pour enfant (rien que le titre est assez évocateur !), mais son traitement humoristique touche les adultes sans problème.
Concernant le dessin, difficile de passer à côté du découpage très dessin animé (qui explique la forte pagination de l’ouvrage). Venant de l’animation, Benjamin Renner décompose les mouvements à merveille. Malgré tout, l’abondance de cases lui permet aussi de caler les nombreux dialogues présents. Au niveau du dessin proprement dit, je suis un grand fan. Le trait est vif, lâché avec dynamisme sur le papier et rehaussé d’aquarelle. Une belle maîtrise d’un style animalier où chaque animal est bien identifié avec peu de traits. Symbole de cette clarté dans la simplicité : cette case où le renard imite les mimiques du loup avec brio !
« Le grand méchant renard » est un ouvrage bon enfant qui vous fera sourire et rire tout au long de ses pages. On est pris dans l’histoire, plein d’empathie pour ce pauvre renard qui voudrait être craint mais qui apprendra finalement qu’il vaut peut-être mieux être aimé…