Junji Ito est un maître parmi les mangakas, très connu au Japon mais aussi en France, où il a son club de fans, pour ses récits d’horreur et d’épouvante. Le mystère de la chair, la Femme limace, la Fille perverse… Les titres donnent le ton. Mais Ito a surtout pondu une saga horrifique de 600 pages sur une écolière mangeuse d’hommes (Tomié) adaptée plusieurs fois au cinéma et un autre chef-d’œuvre intitulé Spirale, pas moins imposant, où les habitants d’un village perdent la raison. Voilà la carrière du bonhomme. Et pourtant, son livre le plus vendu raconte l’histoire… de ses deux chats.
Quand Junji a emménagé avec sa fiancée dans une maison neuve, elle s’est empressée d’y ramener son gros matou Yon et d’en adopter sur-le-champ un deuxième, Mu. Si elle semble s’en réjouir, c’est pour Junji le pire des scénarios imaginables : il déteste les chats. Il leur trouve un air fourbe. Il en a peur. Il ne les comprend pas ; il ne sait pas s’en faire aimer. En plus, Yon a des taches en forme de tête de mort sur le dos, et ça veut bien dire ce que ça veut dire ! Avant de se familiariser avec ses bêtes et d’en devenir lui aussi gaga, Ito prend donc un malin plaisir à les dessiner comme des monstres avec les codes du manga d’horreur : yeux blancs ou exorbités, regards sournois lancés en coin et phénomènes inexpliqués… C’est non seulement très drôle, mais la précision du trait est par ailleurs un régal pour les connaisseurs des félins.