Avec Le Journal des chats, Junji Ito est bien loin des sentiers battus horrifiques de La Femme Limace, Le Journal Maudit de Soichi, ou encore Tomie et verse cette fois ci dans le genre « Autobiographique comique », là où on ne l’attendait pas vraiment.
L’histoire du Journal des chats de Junji Ito prend place lorsque celui-ci décide d’investir dans une maison neuve afin de s’y installer avec sa compagne. Pourtant, son rêve de vie heureuse et tranquille avec elle vire très rapidement au cauchemar. Celle-ci, non contente d’avoir profité de cette nouvelle maison pour imposer à Junji Ito son chat Yon, un chat au pelage diabolique, décide d’en adopter un deuxième illico presto, Mu.
Si l’arrivée de ses deux nouveaux compagnons de vie comble de bonheur sa compagne, cela devient vite une vraie galère pour Junji Ito qui est loin d’être un grand amoureux des chats. Il les déteste, il en a peur et ne peut pas s’empêcher de leur trouver un air louche. Et ils le lui rendent bien ! Sa maison de rêve se retrouve métamorphosée du jour au lendemain pour accueillir ces deux boules de poils. Films protecteurs anti griffures sur les murs, arbre à chats gigantesque, bloques portes et bloques fenêtres pour empêcher l’évasion des deux félins et odeur de litière constante dans la maison. De quoi rendre fou notre auteur qui lutte tant bien que mal pour coexister avec ces deux boules de poils dans sa nouvelle maison.
Bien qu’on puisse penser que Junji Ito a voulu se détacher du genre horrifique de ses précédents récits pour son Journal des Chats, il n’a toutefois pas pu s’empêcher d’en conserver l’ambiance et la mise en scène, tel un clin d’œil volontaire à sa carrière de mangaka horrifique. En effet, tout au long de ses tentatives pour apprivoiser Yon et Mu, l’auteur prend un certain plaisir à leur donner des traits de monstres avec les spécificités du manga d’horreur, sa femme n’étant pas épargnée non plus : Les yeux blancs et exorbités, les regards vicieux lancés furtivement à l’auteur et autres phénomènes inexpliqués rythment le récit donnant parfois au personnage principal des hallucinations. Par exemple lorsqu’il croit voir une énorme limace en lieu et place de Yon, son chat blanc qui a d’ailleurs la particularité d’avoir des taches noires sur le dos en forme de tête de mort. Une approche comique qui fait mouche, et donne au manga une touche d’auto-dérision efficace.
Bien sûr, outre ces petits revirements horrifiques, le Journal des Chats de Junji Ito est ponctué de gags amusants et inspirés de moments de la vie quotidienne où chacun doit s’adapter à l’autre, dans lesquels pourrait se reconnaître tout possesseur de félins! Malgré cette vision dramatique de l’auteur, celui-ci montre pourtant l’affection qu’il éprouve peu à peu pour ses chats, essayant tout pour se faire adopter, gagner un câlin, étant même jaloux lorsque ceux-ci lui préfèrent sa femme.
L’édition proposée par Tonkam est vraiment réussie, d’un format plus grand qu’un manga classique, la couverture cartonnée en couleur laisse ressortir en 3D les personnages. Junji Ito s’est particulièrement appliqué pour donner un réalisme flagrant aux traits des animaux. Les cases du volume, bien que remplies et détaillées sont agréables à parcourir grâce à des traits de crayons légers et fins qui rendent la lecture fluide.
Tout ceci donne un résultat global très réussi et prenant qui, bien que déroutant de prime abord à cause du mélange des genres comique et horrifique, finit par convaincre le lecteur, premier surpris de s’être laisser prendre au jeu lorsque vient le moment de refermer le volume.
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