Tintin s'échine contre le japon
Le lotus bleu constitue, avec "Les cigares du pharaon", un diptyque qui verra bourlinguer le jeune Tintin à travers le Moyen-Orient, l'Inde et plus particulièrement l'Asie puisque ce dernier se déroule à Shangaï. Suite à ses (més)aventures en Inde, le reporter prend un repos bien mérité dans le palais du maharadjah où un étrange personnage vient lui délivrer un message énigmatique concernant un certain Mitsuhirato vivant à Shangaï avant d'être la cible du poison qui rend fou. Il n'en faut pas plus à Tintin pour aller mener l'enquête en Chine.
Si le fil rouge du "Lotus bleu" reste la recherche d'un remède contre ce fameux poison (découvert dans le tome précédent), les intrigues se multiplient et donnent de la consistance à l'histoire. Le nouveau voyage des compères reste toujours un moyen pour Hergé de délivrer un message politique (cf la relation sino-japonaise), de faire découvrir à son lecteur des paysages et un univers sémantique qu'il ne connait pas ou peu tout en dépouillant son œuvre de tout préjugés. Après sa collaboration avec un chinois, Hergé prendra du recul sur sa façon d'aborder la culture du pays qu'il traite et fera gage de bonne foi en portant à son tour un regard sarcastique sur les préjugés que se font un bon nombre d'Occidentaux - lui y compris - sur la Chine (voir la discussion de Tintin avec Tchang). Délesté de lourdeur, ce nouveau tome l'est aussi au point de vue de l'action. Si les intrigues se multiplient, elles n'en démultiplient pas pour autant les péripéties et permettent à la trame principale de garder son intensité grâce à des dialogues mieux ciselés, un suspens mieux maîtrisé et des personnages plus travaillés.
Oscillant entre le drame et la comédie ,c'est avec plaisir que nous retrouvons les Dupond et Dupont pour donner un souffle comique au récit. Quant à Tintin, il fera pour la première fois équipe avec un autre personnage pour affronter l'un de ses pires ennemis. L'espace de la page est mieux utilisé, l'agencement des cases permet une meilleure lisibilité et nous fait profiter des traits de plus en plus juste de l'auteur Belge.
En avant pour "L'oreille cassée" !