Blueberry est une icône du neuvième art. Il est l’incarnation du western dans l’univers de la bande dessinée. J’ai donc souri en voyant une série se qualifier de « plus grand western depuis Blueberry ». Je trouvais bien présomptueux de se comparer à l’œuvre de Jean Giraud et Jean-Michel Charlier. Mais en découvrant le duo d’auteurs en charge de ce nouvel album, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». En effet, Undertaker est le fruit de la collaboration de Ralph Meyer et Xavier Dorison. J’ai particulièrement apprécié leur immersion dans la culture nordique en lisant le diptyque Asgard. J’ai donc décidé de partir sur les pas de ce curieux Undertaker dans l’Ouest sauvage.
Jonas est croque-mort. Son prochain contrat l’amène dans la demeure d’un curieux Monsieur Cusco. Sa richesse résulte de son exploitation d’une mine. Mais sa fortune ne l’a pas empêché d’être actuellement lourdement handicapé. Il a donc prévu de se donner la mort. Jonas est donc missionné pour enterrer le corps dans le filon « Red Chance ». Mais tout ne s’avèrera pas si simple. En effet, que va devenir la fortune du défunt ? Est-il parti dans sa dernière demeure avec son secret ?
Personnellement, le western a toujours évoqué pour moi une atmosphère. La moiteur, la tension, la poussière… Tout cela doit transpirer de chaque page pour que l’immersion soit totale. Le trait de Ralph Meyer répond parfaitement à ce cahier des charges. Ses planches m’ont fait faire un plongeon immédiat et profond dans cet univers si particulier. Sur ce plan-là, la filiation avec Blueberry est cohérente. Si les styles ne sont pas identiques, ils mènent tous les deux à un dépaysement intense. Le travail sur les couleurs en association avec Caroline Delabie participent activement à l’aridité qui abrite les personnages.
Il est important que ces décors soient habités par un héros charismatique. Sur ce plan-là, Jonas répond aux attentes. Je pourrais critiquer le classicisme du personnage. Mais que demander de mieux qu’un brun ténébreux solitaire dont le passé semble hanté par des cadavres ? La petite particularité qui le caractérise est qu’il est croque-mort. Le moins que je puisse dire est qu’il dénote de l’idée que nous pouvions nous faire de la profession en lisant un album de Lucky Luke. Les interrogations qui accompagnent son trajet alimentent la curiosité. Cela participe à l’impatience de découvrir le prochain tome.
Pour que cet album soit une totale réussite, il ne lui manque plus qu’à posséder un scénario dense et captivant. La présence de Xavier Dorison est un gage de réussite dans ce domaine. Une nouvelle fois, il écrit une histoire prenante. La situation de départ est à la fois simple et originale. La mort orchestrée de Cusco est un point de départ permettant d’emprunter de nombreux chemins. Les différents protagonistes trouvent leur place dans l’intrigue par leur lien avec le défunt. Le suspense monte crescendo et atteint un pic d’intensité au cours des dernières planches. La conclusion de cet opus n’éveille qu’une envie, celle de connaître la suite. Il faut attendre le vingt-sept novembre prochain la parution du prochain tome intitulé La danse des vautours. Mais cela est une autre histoire…