https://branchesculture.wordpress.com/2015/05/29/le-manuel-de-la-jungle-dupuis-joub-nicoby-critique/
Que se passe-t-il quand deux auteurs de BD’s, reconnus pour les tranches de vies qu’ils savent savamment mettre en bande dessinées, partent quelques jours dans la jungle de Guyane? Ils en font un album de BD que diable! Entre les caïmans, les raies et autres orpailleurs illégaux, Nicoby et Joub ont eu leur lot de frayeurs et livrent leur Manuel de la Jungle.
Qu’a-t-il bien pu leur prendre comme envie pour ainsi s’aventurer en plein enfer vert? Un goût du risque? À voir leurs têtes effrayées et vertes d’angoisses à chaque page, certainement pas. L’envie d’une nouvelle expérience? Pourquoi pas. Toujours est-il que le tandem magique Joub-Nicoby (qui nous avaient déjà régalé avec Dans l’Atelier de Fournier ou Mes années bêtes et méchantes) change totalement de style pour s’attaquer à un personnage hors du commun en la personne de… la Forêt Amazonienne, dans sa face guyanaise. Une forêt pas totalement inconnue de Joub, qui a emménagé à Cayenne il y a quelques années, mais beaucoup plus pour Nicoby, bien loin de sa Bretagne d’origine.
Et quand ces deux-là en rencontrent deux autres, Olivier Copin (crédité comme co-auteur) et son beau-frère Jérôme, professeurs mais aussi chasseurs et aventuriers à leurs heures, le mélange des genres ne peut que détonner et livrer un témoignage inédit et réjouissant d’une incursion en jungle hostile. D’ailleurs l’est-elle vraiment, hostile? Au fil des découvertes, des nuits logées dans un carbet de luxe (« C’est jamais qu’un toit et des poteaux »), des chasses et des rencontres avec les animaux, les deux auteurs, bien loin de leurs ateliers, vont bien vite se rendre compte que la principale menace vient des hommes: braconniers, orpailleurs illégaux. De cinq à un campement complet, sur leurs gardes et armés jusqu’aux dents. « Blam blam » comme dirait l’autre à entendre les coups de fusil qui ébranlent cette forêt animale mais pas si offensives que ça. On partage l’effroi du quatuor (même si les deux beaux-frères semblent ne rien montrer de leurs peurs), mais on en rigole aussi.
Dans ce Koh Lanta grandeur nature et sans caméra scénaristique, Joub et Nicoby sont fidèles à leur style, au plus près de la réalité, n’hésitant pas à se ridiculiser et jouant d’humour. Et l’air de rien, ils nous en apprennent bien des choses, dans la beauté du dessin deNicoby et des aquarelles de Joub. Ce Manuel de la jungle n’est peut-être pas celui qu’il faut mettre dans les mains des aventuriers de tous poils prêts à risquer leur vie, mais il a toute sa place dans votre bibliothèque. Un manuel des petites frayeurs en terrain hostile à lire dans le confort d’un bon chez soi, en somme. En plus, il y a même une préface signée Étienne Davodeau!