En 1967, la série de BD Astérix commençait à envahir plus que les planches, et, après quelques versions radiophoniques, c'est le cinéma qui se voyait engauloisé de quelques métrages d'animation adaptant les volumes à succès et d'un film, Deux Romains en Gaule, où les grands noms de l'humour de l'époque étendaient l'univers du petit gaulois au casque ailé. De cette Astérixomania, un grand oublié: le livre-disque Le Menhir d'or.
La chose s'explique sans doute par ce média hybride peu commun, que l'on ne retrouve guère ailleurs que dans la série Natacha avec Mambo à Buenos Aires, avec notamment une chanson lugubre et désenchantée de Renaud Séchan.
Mais le voici qui revient, ressuscité en album, accompagné, en prime, de la piste audio téléchargeable sur Internet !
Alors quid, Viscriticus, demanderez-vous ?
Daté, il l'est, c'est certain, puisqu'écrit par Goscinny et illustré par un jeune Uderzo.
Datant de 1967, précédant de peu Astérix aux jeux olympiques, rappelant par la fraîche connaissance d'Astérix de l'organisation de l'armée romaine son prédécesseur Astérix légionnaire, il sera goûté de façon optimale par qui le replacera entre ces deux albums.
Cependant, il tourne en dérision un concours encore très contemporain - quoiqu'annulé cette année
pour cause de virus -, j'ai nommé l'Eurovision ! Il parlera donc à tous et plus encore à ceux et celles qui déplorent à juste titre un concours de chansons qui a perdu de sa superbe. Pour les plus jeunes embullés qui ne connaîtraient pas l'Eurovision (mais il m'a aussi été dit que certains d'entre eux ne connaissaient pas Astérix!), l'album singera avant la lettre Star Académie et The Voice. L'occasion de se rappeler aussi qu'à cette époque antique des sixties, il y avait des télé-crochets.
Car il est question de chansons, partout !
Dans les expressions: frapper comme un sourd et être sensible du tympan, donner des tournées (de baffes) en province.
Dans les allusions: ce petit bonhomme de chemin qui sent la noisette ... mais aussi la châtaigne !
Dans les détournements: Le Folklore armoricain de Phonographix pour le Folklore américain de Sheila (https://www.youtube.com/watch?v=vAL3iB6R9nU), Si j'avais un dolmen de Tournedix pour Si j'avais un marteau de Claude François (https://www.youtube.com/watch?v=H8grVC-YO8M&list=RDTT6VYNWa-tA&index=19), Massilia de mes amours de Livredix (tiens, tiens) pour Marseille de mes amours de Mireille Ponsard (https://www.youtube.com/watch?v=Okf5YcFnjyQ) et, surtout, la plus représentée, Menhir Montant d'Assurancetourix pour Ménilmontant de Charles Trenet (https://www.youtube.com/watch?v=RgtA7FOs90k) !
Comment ? C'est daté comme chansons ? Rappelez-vous que l'oeuvre date de 1967 et que certaines des chansons détournées datent de la fin des années 30. Une leçon d'humilité et de respect pour ce qui est ancien ? Non ?
Tout est son aussi:
L'on retrouve avec bonheur notre cher et récent disparu, seule et unique vraie voix d'Astérix, Roger Carel, aux côtés de Jacques Morel reprenant son rôle d'Obélix avec un plaisir non dissimulé, de Pierre Tornade encore dans le rôle d'Abraracourcix en ce temps-là, d'Henri Vilorjeux étonnamment dans le rôle de Cétautomatix et Jacques Jouanneau qui - on le sait peu - doublait déjà Assurancetourix et en est la meilleure voix. Un Jacques Jouanneau mis en valeur dans cette aventure, lui que l'on connaît à cette époque pour ses doublages de Woody Allen.
Tout est son, tout est chanson, tout est allusion: l'occasion re rappeler la Genèse d'Astérix, porteur d'un humour bien fifties-sixties: cette chanson à laquelle Goscinny fait allusion dans cet album par la voix d'Obélix ("il faut bien rigoler") et d'Abraracourcix ("Et que le ciel ne vous tombe pas sur la tête !"): https://www.youtube.com/watch?v=9pX85rz_-nE
Lors donc, pour citer Goscinny parodiant l'ennemi de Michel Strogoff en un jeu de mots: "Écoute, de toutes oreilles écoute (...) !"
On ne pourrait donner meilleur conseil !
Sur ce, Salut les Copains !
Ecoutez, de toutes vos oreilles, écoutez:
https://www.youtube.com/watch?v=xQjPySMvabQ