Déjà erratum dans la fiche senscritique, ceci n'est pas "un pavé de 120 pages" mais bien un pavé de quasiment 200 pages.
200 pages, et dès la 4ème on nous dresse un portrait du co-auteur (le sacro-saint Jean-Marc Jancovici) dont le ton élogieux m'embarrasse par procuration; je pense sincèrement que si d'aventure je participais à un tel projet je n'accepterais jamais que mon co-auteur me lèche à ce point les bottes dès le début ! Le ton est donné, c'est un panégyrique à Janco, écrit par lui-même.
On trouve dans le restant des pages environ 2/3 de vulgarisation sur l'énergie, le climat, la société de consommation etc. ; un résumé fort clair, mais à la valeur ajoutée discutable pour quiconque s'intéresse ne serait-ce que de loin au sujet. Ce qui place le bouquin sur un créneau ados / jeunes adultes, genre "c'est pas sorcier". Aucun mal à cela bien entendu,
MAIS
déjà dans ces présentations on trouve des trous et des biais un peu étranges; une approche faussement "technique", qui se prétendra objective et dépolitisée (la bonne blague) mais qui trahit déjà l'approche prosélyte masquée pour l’œil averti.
Dans le dernier tiers, les auteurs - certains que le lecteur est mûr à point - abattent leurs cartes. On a une trentaine de pages sur la solution, le nucléaire. Le dédain pour les énergies dites renouvelables est palpable, mais pas autant que celui voué aux anti-nucléaires, ces fragiles benêts qu'un rien effraye. On apprend que si Tchernobyl et Fukushima ont bien été des catastrophes (on est rassurés que les auteurs le soulignent, ils se rendent visiblement compte que l'argumentaire déroulé aurait tendance à faire penser que non), c'est tout d'abord par la peur qu'elles ont suscité auprès du grand public ignare.
Dans les 30 dernières pages, on présente un peu de sobriété heureuse et de relocalisation (mais pas trop politique hein, on est plus sur les "petits gestes" / "la responsabilité de chacun") et pour finir d'insulter le quidam non-polytechnicien on conclut sur un concept teasé tout au long de l'ouvrage, le "striatum". Ce gimmick de pop-science, proche de ce qu'on a déjà entendu sous le nom de "cerveau reptilien", serait la cause de notre incapacité (nous les masses, pas les élites éclairées) à corriger le tir du dérèglement climatique. Sans tout mettre à la benne, c'est à prendre avec un énorme grain de sel.
Au final le livre possède des qualités, mais les auteurs ont quelque chose à vendre et font preuve de beaucoup de mauvaise foi pour éluder les alternatives. Qu'il ait été sous tous les sapins de Noël 2022 me préoccupe.