Ce tome contient la fin d'une histoire indépendante de toute autre. La première parution date de 2004. Il est écrit, dessiné, et encré et mis en couleurs par Vink (Vinh Khoa), avec l'aide de son épouse Cine pour les couleurs. Il s'agit d'une bande dessinée compte une cinquantaine de planches. Elle a été rééditée dans Le Passager - Intégrale. Celle-ci comprend également une introduction d'une page rédigée par F'Murrr qui loue la qualité de songe du récit, en indiquant qu'il est impossible de réduire le travail de Vink à une définition
Il fait nuit. Grauko est installé sur le banc avant d'une petite barque dotée de 2 lumifines à l'avant. Abisa est assise sur le banc arrière et pagaye pour avancer. L'oiseau CQ se pose sur la proue et fait son rapport : Charles reste introuvable, ainsi que la gendarme, et les autres gendarmes ont arrêtés leurs recherches pour la nuit. CQ reprend son envol, et c'est au tour du monstre marin Batabouf de venir faire son rapport : il analyse les vêtements de Charles que Grauko lance dans sa gueule. Il est formel : ces vêtements proviennent d'un autre monde, confirmant ainsi ce que le seigneur Grauko sait déjà. Pour autant lorsqu'il avait avalé Charles, il avait pu établir sans doute possible qu'il est bien originaire de ce monde. Grauko sollicite l'avis d'Abisa : elle pense que les registres des gendarmes ou des wochitas peuvent contenir des renseignements sur l'ascendance de Charles. De son côté, ce dernier est avec Mijja sur le dos d'un grand volatile qui marche. Elle le rassure sur la possibilité de s'introduire dans le demeure de Grauko et dérober son grimoire qui contient, sans doute, l'explication pour que Charles puisse regagner son monde.
Le volatile continue de progresser dans la nuit et amène Mijja et Charles sur le territoire d'Otoll, l'individu qui approvisionne la demeure de Grauko en étoiles des profondeurs. Mijja doit transformer trois animaux agressifs en banane, pour que le volatile puisse continuer à progresser. Ils atteignent le rocher et la demeure d'Otoll, et se présentent à sa porte. Otoll s'avance sur le seuil et Mijja fait les présentations. Otoll les invite à entrer chez lui par la plante-porte qui n'obéit qu'à lui. À la demande de Mijja, il montre une étoile des profondeurs à Charles. Mijja covient avec Otoll de le retrouver le lendemain chez lui pour qu'il emmène Charles chez Grauko. Ayant regagné la terre ferme, Grauko, toujours accompagné d'Abisa, continue d'interroger les uns et les autres pour savoir ce qu'il est advenu de Charles. Un groupe de citoyens à tête d'animal lui rend compte : ils ont cherché et questionné des tas de gens et personne n'a vu le voyageur. Ils ont précédemment indiqué à Charles que seul Grauko est en mesure de l'aider à regagner son monde et ils supputent que Charles va essayer de se rendre chez Grauko. Lyzie et un gendarme viennent également rendre compte : le gendarme indique que les recherches reprendront le lendemain. Enfin, 2 humains (Nany et son mari) viennent solliciter Grauko pour qu'il révèle l'animal qui est en eux et les transforme. Il accepte de les recevoir le lendemain dans son château.
Le tome 2 se terminait sur la promesse de Mijja faite à Charles de l'aider à regagner son monde d'origine à Sao Polo, et elle semblait en savoir beaucoup sur Grauko et les habitants du présent monde. Le lecteur entame donc ce deuxième tome avec cette idée en tête. Le début le conforte dans ce sens : Mijja a conçu un plan pour infiltrer le château de Grauko et dérober son grimoire qui contient vraisemblablement des indications sur la manière de passer sur la Terre normale. Effectivement, la majeure partie du récit est consacrée à la préparation et à la réalisation de l'infiltration dans la demeure, ainsi qu'à la récupération de l'objet convoité. En parallèle, le lecteur suit les activités de Grauko et Abisa, ainsi que les efforts déployés pour rechercher le fuyard. De ce point de vue, l'histoire prend la forme d'un récit d'aventures, avec un suspense quant au succès de l'entreprise, et aux embûches à surmonter. Le lecteur retrouve le caractère merveilleux des décors du premier tome : un monde évoquant un mélange de renaissance et d'éléments fantastique. Vink et Cine réalisent des dessins en peinture directe, avec une minorité d'éléments détourés par un trait. Ce mode de représentation permet à la fois de rendre compte de l'ambiance lumineuse et des textures des différents éléments.
Le lecteur apprécie de pouvoir ainsi se projeter dans chaque lieu et de laisser son regard se promener s'en imprégner. Il devine les douces ondulations de la surface de la rivière où glisse la barque de Grauko dans la nuit. Il voit les rides se propager à la surface à l'approche de Batabouf, et la lumière de la barque se refléter de manière déformée sur l'eau. Comme Charles, il jette des coups d'œil sur les bords du chemin, la nature étant ponctuellement éclairée de ci de là par un champignon phosphorescent. La progression dans la propriété de Grauko recèle bien des surprises, que ce soit l'aménagement de ses jardins, ou l'arbre sacré qui traverse plusieurs étages du château. Le lecteur se projette avec facilité dans chaque lieu grâce à la qualité descriptive des illustrations. Il ne s'agit pas de dessins photoréalistes, mais de cases qui réussissent à transcrire l'impression du lieu perçu par le lecteur au travers de ses sens. Par exemple, Mijja et Charles se retrouvent agenouillés dans l'eau sur une plage de nuit. Le lecteur peut voir les vaguelettes qui moutonnent un peu, les tissus gorgés d'eau, les cheveux mouillés, les effets du courant qui façonne les vaguelettes. Par le travail sur les couleurs, les artistes donnent la sensation de l'humidité, mais aussi de l'écume évanescente, du mouvement de l'eau, du caractère nocturne de la scène. Pour autant ils ne recherchent pas la précision photographique, ou la minutie du détail, privilégiant les sensations, et par voie de conséquence la lisibilité.
Le lecteur retrouve les caractéristiques du premier tome pour la représentation des personnages, un peu particulières : des têtes un peu plus grosses qu'un strict respect de l'anatomie humaine, pour plus d'expressivité, mais aussi une sensation paradoxale entre cette exagération propre aux dessins d'enfants et des visages très adultes portant les marques de l'âge. Les artistes continuent de se montrer impliqués dans la représentation des tenues vestimentaires, et de privilégier une direction d'acteurs naturaliste, avec à nouveau des postures correspondant à l'âge des protagonistes. Les expressions des visages apparaissent juste, et donnent souvent une indication sur l'état d'esprit du personnage représenté. Le lecteur peut ainsi s'impliquer dans ces individus et se projeter en eux pour ressentir leurs émotions, s'interroger sur les motivations, sur leurs réactions. Le récit commence donc comme la continuation de la première partie : Charles veut regagner son monde, reprendre sa vie à Sao Paulo Grâce à l'aide providentielle de Mijja, il peut espérer mettre la main sur le grimoire de Grauko qui contient vraisemblablement la solution pour regagner son monde.
Dans le même temps, le lecteur s'interroge sur l'objectif réel de Grauko qui justifierait l'intérêt qu'il lui porte, tout en intégrant le fait que 2 nouveaux habitants souhaitent être en accord avec leur moi profond en bénéficiant d'une opération qui leur donnera une tête d'animal. À ce stade, le lecteur a abandonné l'idée de lire cette bande dessinée comme une potentielle métaphore, pour apprécier le divertissement au premier degré. Il s'interroge toujours aussi sur les wochitas, peuple qui brille par son absence même si leur nom figure dans le titre. Il découvre progressivement quel genre d'expérience Grauko mène dans son château : une forme très particulière de tentative de télépathie. Mais plus Charles en apprend sur ce monde étrange, plus sa situation devient compliquée, difficile à déchiffrer. Mijja semble gagner assez d'importance pour devenir le personnage principal du récit, alors même que ses motivations restent mystérieuses. À la fin du tome, Rosha explique la véritable nature de ce monde à Charles en 2 pages très fournies en phylactères. Cela change la position de Charles du tout au tout, et le mystère de Mijja reste entier. Dans l'édition intégrale, le lecteur découvre une page supplémentaire dans laquelle Mijja fournit quelques explications complémentaires à Charles, mais qui ne suffisent pas pour lever tous les mystères non résolus à l'issue du tome 2. Il est vraisemblable que l'auteur ait abandonné son projet, le laissant inachevé, faute de vente suffisante ou d'autre chose.
Dans ce deuxième tome, le lecteur retrouve les qualités du premier, à commencer par la narration graphique d'une grande sensibilité de Vink et Cine donnant un caractère unique à ce monde étrange et à leurs habitants, saisissant leur caractère onirique, sans recourir à une imagerie infantile ou naïve. Le lecteur prend grand plaisir à suivre Charles dans des endroits surprenant et pleins de caractère et à écouter, comme lui, Mijja lui expliquer certains aspects de la situation. Il découvre petit à petit que Grauko est un individu complexe, qu'il n'est pas possible de réduire à un simple rôle de méchant caricatural. Il s'interroge sur la nature et l'absence des wochitas. Il est surpris par la révélation sur la nature de Charles, et sur la remise en question des éléments établis dans le premier tome, ce qui change la nature du récit. Il ressort enchanté des aventures de Charles, des paysages et des lieux, mais aussi déconcerté par la remise en cause de certains éléments tenus par acquis, et frustré de découvrir que ce récit ne bénéficiera pas de tomes supplémentaires pour raconter la suite de l'histoire