L'album commence bien, d'emblée féministe : Valérian a la grosse tête, et s'il assure la mission, il se laisse un peu déborder par les propositions alcoolisées des colons qu'il rencontre. Heureusement, Laureline prend les choses en main quand il n'est plus en état... Voilà un héros profondément humain, donc imparfait, qui se fait bien recadrer par Laureline. De l'humour pour commencer, voilà qui est plaisant.
Mais le cœur de l'album se trouve être la confrontation entre deux cités sur la planète Zahir : à Malka, ce sont les femmes qui dominent. Des femmes brutales, rustres et viriles, qui exploitent les hommes, catégorie méprisée perçue avant tout comme de la chair à canon, et dont seuls les meilleurs seront éventuellement utilisés pour la procréation. Des hommes qui ont complètement intériorisé leur infériorité. Bizarre, ça me rappelle quelque chose... A Valsennar, la situation est très différente, ce sont les hommes qui dominent, avec un empereur efféminé qui vit dans un "palais de princesse". Ces hommes se parfument, sont sensibles à l'art et à la beauté, mais exploitent les femmes, qui font la guerre !
Laureline et Valérian se retrouvent au milieu de cette guerre, avec l'objectif de l'arrêter et de trouver une solution car leur planète, creuse, déviée de son orbite, se dirige directement vers une colonie de terriens... Mais contrairement à nous autres humains qui ne nous donnons pas les moyens d'empêcher le réchauffement climatique en cours, les différentes composantes des habitants de Zahir sauront bien sûr se mobiliser pour éviter la catastrophe (qui était toutefois imminente, à la différence de ce qui nous arrive en ce moment). C'est un peu facile, avec une fin un peu rapide, plutôt bâclée.
Sur le plan du dessin et du scenario, ce n'est clairement pas un des meilleurs albums de la série. Certains dessins sont même très laids , il faut bien le dire...
Toutefois, l'album est amusant, féministe, à la fois à travers la figure de Laureline et avec la description de mondes fortement sexualisés et fondés sur d'absurdes inégalités. Il mérite donc d'être lu.