[CRITIQUE RÉDIGÉE EN 2017]
[Avis concernant l'intégralité de l’histoire allant des tomes 1 à 5]
Les passagers du vent nous propose de suivre les aventures d'Isa et de ses quelques compagnons d'infortunes, ballottés au gré des vents et des marées le long de péripéties qui les feront traverser les mers et vivre des situations ... souvent un brin exubérantes pour ne pas dire invraisemblables, mais comme le voulait un peu la tradition de la BD franco-belge de l'époque, qui misait volontiers sur le rocambolesque (début des années 80). A ce niveau, l’œuvre à surement pris un coup de vieux en la découvrant plus de 30 ans plus tard. De même que certains archétypes sentant bons les fantasmes archaïques, à commencer par l'héroïne bonasse, chaudasse et badass, maniant le fusil aussi bien que les réparties cinglantes, entre deux poses lascives à moitié dénudée ; enfin, on ne s'en plaindra pas forcément ^^ d'autant que le tout reste servi par des dialogues pleins de verves qui sont un plaisir à lire, et tout caricaturaux qu'ils soient, les personnages principaux affichent une personnalité forte et rapidement attachante, et l'importance donnée aux relations charnelles crée une sensation de forte intimité, comme si on vivait au plus proche des personnages sans que rien ne nous soit caché.
Mais ce qui à mon sens sublime la série, c'est la reconstitution historique minutieuse et passionnante au sein de laquelle se nouent les intrigues, ne nous épargnant rien de la vie maritime et de la navigation en cette fin de XVIIIème siècle, ou encore de la traite négrière, allant jusqu'à retranscrire sans ambages des pensées de l'époque à propos de ce genre de sujet délicat, pour une immersion aussi fascinante qu'effroyable. Le tout sans didactisme excessif, accompagnant toujours de façon très naturel le scénario et lui fournissant matière à ces scènes les plus épiques et les plus dramatiques.
Et finalement, la tension tout comme l'intérêt historique et les enjeux vont grandissants à mesure que les tomes se succèdent, pour un final aussi grandiose que tragique, qui laissera un fort goût mélancolique au moment ou se clos cette parcelle de vie tumultueuse.
On pourrait juste rapidement parler des dessins, quand même assez inégaux et souvent assez maladroits par rapport aux standards actuels, pour autant bien suffisants pour transporter le lecteur sur ces mers agités, aidé par une mise en couleur impeccable qui impose sans mal des ambiances dépaysantes.