Le retour du fils
Comme de nombreuses (et bonnes) sorties de fin d'année, Birthright a failli être éclipsé par les fêtes de Noël, qui font la part belle aux rééditions, aux coffrets en tout genre et donc aux valeurs...
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le 8 janv. 2016
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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2014/2015, écrits par Joshua Williamson, dessinés et encrés par Andrei Bressan, avec une mise en couleurs d'Adriano Lucas.
L'histoire se passe de nos jours dans une petite ville des États-Unis. Aaron Rhodes est en train de jouer au baseball dans une clairière, avec son fils Mikey. Pendant ce temps-là, Wendy (la femme d'Aaron, et la mère de Mikey) prépare la fête d'anniversaire de Mikey, avec l'aide de Brennan, leur fils aîné. Aaron ayant frappé un peu fort, la balle se perd dans les bois, et Mikey va la chercher. Il ne reparaît pas, et son père ne le retrouve pas.
Un an plus tard, Mikey est toujours porté disparu, les soupçons ont pesé sur Aaron qui se rend responsable de sa disparition. Wendy a entamé une procédure de divorce et a déménagé. Brennan supporte mal l'alcoolisme de son père et les accusations des autres lycéens. Aaron, Wendy et Brennan sont contactés et emmenés dans l'agence locale du FBI. Dans la pièce réservée aux interrogatoires, un énorme colosse donne des réponses bizarres. Il dit s'appeler Mikey Rhodes, et avoir vécu dans une autre dimension de type Heroic Fantasy, où le temps s'écoule plus vite.
Au sein de l'éditeur Image Comics, Robert Kirkman dispose de sa propre branche éditoriale appelée "Skybound", au travers de laquelle il publie les séries dont il est l'auteur, et de temps à autre une série d'autres auteurs (comme par exemple l'excellente "Manifest destiny", à commencer par Fauna & Flora, en VO). Il a donc choisi de publier "Birthright".
Le premier épisode pose rapidement le point de départ. Mikey Rhodes a grandi dans un univers parallèle, sur un continent appelé Terrenos, où il a été pris en charge par Rook qui voyait en lui le messie prophétisé par les textes. Rook l'a confié aux bons soins de Rya et Shavo pour qu'ils le chaperonnent. Le récit propose de suivre à la fois les événements au temps présent (alors que Mikey est revenu après qu'un an se soit écoulé pour les membres de sa famille), et l'apprentissage de Mikey dans cet univers de Fantasy.
La narration installe donc confortablement le lecteur dans un récit qui semble sur des rails. Effectivement la déliquescence du noyau familial après la disparition du fils a bien lieu, avec une suspicion infâmante pesant sur le père. Mais tout cela se passe très vite (avant la fin du premier épisode) et les créateurs ne s'appesantissent pas trop dessus.
La réapparition de Mikey ne surprend guère puisque sinon il n'y aurait pas eu d'histoire. Ça ronronne tranquillement et pourtant ça ne reste pas sur les rails, ça ne suit pas la direction prévue. Sans dévoiler les surprises, il est quand même possible de dire que le récit sort le lecteur de sa torpeur et le maintient sur ses gardes. Il y a la fois les conventions attendues du genre Fantasy (combat à l'épée, gros monstres pleins de dents, races de créatures magiques), et à la fois un scénario qui sort de la route toute tracée.
Andrei Bressan et Adriano Lucas forment une équipe artistique bien coordonnée. Le metteur en couleurs réalise un travail qui ajoute un peu de volume aux formes, qui établit une ambiance lumineuse pour chaque scène, allant de sombre (tout en restant lisible) à de très belles lumières en journée, en passant par la lumière artificielle discrètement blafarde.
Bressan réalise des dessins réalistes, naturalistes sans obsession photographique, avec une légère exagération des expressions des visages (mâchoire crispée et lèvres retroussées pendant les affrontements physiques) qui insufflent une vitalité agréable dans les personnages.
Le soin apporté aux dessins par Bressan rend la lecture immersive à souhait, avec une sensation très agréable de se déplacer en forêt, d'entrer dans la chambre abandonnée de Mikey, ou encore de faire des achats dans une station-service. Il y a à la fois un niveau de détails qui rend ces endroits tangibles, mais aussi un léger degré de simplification qui rend les images très faciles à lire.
Bressan utilise la même approche graphique pour les séquences se déroulant dans le monde de Terrenos. Le décalage provient bien sûr de l'absence d'éléments technologiques, et de la présence de créatures merveilleuses. Par contre, la nature possède cette même qualité de consistance permettant au lecteur de se projeter dans ces environnements. Bressian prête la même attention aux détails de ce monde légèrement médiéval, avec des tenues vestimentaires spécifiques, cohérentes entre elles dotés d'accessoires, avec des monstres à la morphologie étudiée (par opposition à des morphologies génériques), et des bâtisses à l'architecture cohérente avec l'absence de technologie.
La narration visuelle de Bressan apporte des éléments d'information qui vont au-delà de la simple représentation de ce qui est en train de se passer. Les images montrent l'état d'esprit des personnages, ainsi que leurs émotions. C'est par les dessins que le lecteur prend conscience de la situation extraordinaire d'Aaron Rhodes qui a retrouvé son fils, mais qui en plus partage des aventures avec, en ayant le même âge. Les dialogues n'évoquent pas cet aspect du retour de Mikey, par contre les dessins le montrent avec habilité.
Alors que le lecteur se croit confortablement installé dans un récit d'Heroic Fantasy, avec des dessins sympathiques (n'ayant plus qu'à attendre la suite de combats qui mènera à la défaite du méchant roi-dieu Lore), il tombe sous le charme des pages séduisantes et expressives d'Andrei Bressia avec la mise en couleurs lumineuse d'Adriano Lucas. Ainsi porté par une narration visuelle avec une apparence aimable, il découvre que le scénario ne se conforme pas au schéma préétabli et que les dessins ne se cantonnent pas à un simple rôle de représentation littérale. Il ne reste plus qu'à attendre que le deuxième tome confirme cette bonne impression.
Créée
le 19 janv. 2020
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