Troisième année d'Ed Brubaker sur Captain America. Le tome s'ouvre sur le fameux numéro tie-in à Civil War qui voit Captain America se faire assassiner. Un événement qui va évidemment marquer de son emprunte la série, mais ce qui est intéressant c'est que la série ne perd pas son identité pour autant et garde une tonalité assez similaire et arrive à tenir quasiment une dizaine de numéro sans son héros titre, et la qualité est toujours au rendez-vous, si ce n'est supérieure, c'est un comble.
En fait, dans ce tome, Brubaker renforce vraiment le côté thriller du titre, et n'hésite pas à être vraiment très sombre dans son intrigue, avec plusieurs twists presque glauques, ou en tout cas bien plus torturés que ce que l'on trouve habituellement dans les comics de super-héros. En outre, sans Steve, il ne reste quasiment plus que des anti-héros pour porter la série, ce qui amène forcément un autre équilibre.
Ce qui est épatant, c'est la capacité de Brubaker a construire un cast de personnages charismatiques et attachants qui reprennent sans problème les rennes de la série, que ce soit Sharon Carter dans un premier temps, personnage déjà bien développé dans les deux précédents tomes, ou même Bucky qui prend rapidement le devant de la scène et qui arrive à être passionnant à suivre, alors qu'il avait été à peine développé jusque là, à part dans le one-shot Winter Kills. Falcon reste toujours présent même si un peu en retrait, sûrement parce qu'il est moins proche des milieux de l'espionnage et ses pouvoirs ne l'aident pas vraiment dans ce domaine. Et on a également Black Widow qui se ramène et qui devient une part majeure du cast, reprenant même sur la fin du tome le rôle de Sharon Carter dans un espèce de jeu de miroir déformant. On notera aussi Tony Stark forcément très présent de part son nouveau rôle et les conséquences de Civil War.
En tout cas c'est vraiment un excellent tome. On est presque au niveau d'excellence de la première année, avec cette intrigue poisseuse et frénétique qui se révèle vraiment très accrocheuse et riche en rebondissements, avec le Docteur Faustus qui fait vraiment forte impression en tant que vilain. Les autres méchants sont très biens aussi, notamment Crossbones toujours aussi impressionnant. Par contre je regrette de ne pas avoir une scène où Crâne Rouge savoure sa victoire face à Steve Rogers. Pour une fois que les vilains gagnent et arrivent à abattre leur ennemi, c'est quand même terrible de ne pas les voir fêter ça. Ca n'arrivera qu'une fois, les gars, profitez-en ! Ne faites pas comme si c'était "business as usual" !
Et côté dessin c'était un régal puisque Epting dessine la majorité des épisodes. Mike Perkins et Butch Guice se ramène régulièrement en complément mais il faut bien dire que les efforts sont là pour essayer de donner un style commun à la série, ce qui est très appréciable par rapport aux patchworks qu'offre parfois Marvel. Et c'est vraiment les couleurs sombres et réalistes de d'Armata qui achève de donner ce sentiment d'unité graphique à l'ensemble. Merci à lui, il fait un bon boulot depuis le début de la série.