Avec Le Réveil du Z (1986), Philippe Vandevelde (Tome) et Janry nous livrent une aventure qui sent bon la nostalgie mais avec une modernité bien dosée. Car oui, dans cet album, les héros à la houppe et au pull en col roulé croisent le fer (et les circuits) avec le redoutable savant fou Zorglub. Un come-back de l’antagoniste culte qui titille les souvenirs tout en dépoussiérant la formule. Spirou et Fantasio repartent en mission, et autant dire que la logique n’est pas toujours invitée, mais le fun, lui, est bien présent.
Tout commence lorsque Zorglub, l’inventeur mégalomane aux inventions démesurées, décide de sortir de sa retraite pour prouver qu’il peut toujours mettre un bazar technologique planétaire digne d’un méchant de James Bond. Spirou et Fantasio, accompagnés du fidèle Spip et de l’inénarrable Champignac, vont devoir déjouer ses plans dans un récit où se mêlent gadgets absurdes, robots incontrôlables et dangers dignes d’un parc d’attractions en panne.
Zorglub, toujours aussi prétentieux et ridicule, est le vrai moteur de l’histoire. En savant plus cabotin qu’effrayant, il donne à l’album un ton léger et décalé qui contraste avec le sérieux des enjeux. Spirou reste fidèle à lui-même : calme, malin et prêt à sauver le monde même en pyjama. Fantasio, quant à lui, oscille entre gaffeur attachant et victime d’une aventure qui dépasse toujours ses capacités. Spip, lui, continue de commenter les événements avec son sarcasme habituel, ce qui ajoute une dose d’humour bien sentie.
Visuellement, Janry est à la hauteur de sa réputation. Son dessin est dynamique, précis et fourmille de détails qui rendent hommage à l’héritage de la série tout en y injectant une bonne dose d’énergie. Les machines de Zorglub, avec leur esthétique rétro-futuriste, sont délicieusement absurdes et rappellent que le charme de l’album repose aussi sur son second degré assumé.
Côté scénario, Tome nous offre une intrigue qui, si elle n’est pas révolutionnaire, se tient et avance à un rythme efficace. On retrouve un mélange bien équilibré entre action, humour et rebondissements, même si certaines péripéties sentent un peu le déjà-vu. Zorglub est génial, certes, mais son retour manque peut-être de l’impact qu’on attendrait pour un méchant de son calibre.
L’humour, en revanche, est toujours au rendez-vous. Les dialogues piquants et les situations absurdes (mention spéciale aux machines qui ne fonctionnent jamais comme prévu) font sourire tout au long de l’album. Le ton léger, presque parodique, est un vrai plus, même si cela atténue légèrement la tension dramatique.
En résumé, Le Réveil du Z est une aventure classique mais efficace, qui joue la carte de la nostalgie sans tomber dans la redite. Zorglub s’impose comme un méchant aussi drôle qu’incompétent, tandis que Spirou et Fantasio assurent le show avec leur bonne humeur habituelle. Un tome qui ne révolutionne pas la série mais qui l’honore avec un charme rétro assumé, des robots farfelus, et une belle dose de fun. Une lecture qui fait sourire, même si Zorglub mériterait de remettre son génie au niveau de ses ambitions.