Le sacrifice de la forme

Woh !
Première page : premier choc.
Changement assez radical de style.
Abandon total de la ligne nette.
Usage d’une palette de couleurs beaucoup plus riche et nuancé.
Il y a un côté pictural assez saisissant qui, sur la première page, a d’abord emporté mon adhésion…

...Et puis les pages suivantes, j’avoue que j’ai commencé à trouver beaucoup de limites à ce changement radical.
La gamme plus nuancée de couleur fait perdre en agressivité.
Les cases sont moins incisives.
L’expressivité des personnages et la dynamique des moments d’action sont les premiers à y perdre.

Et c’est bête, mais pour le coup ce changement de style participe en partie à cette note assez médiocre que je donne à ce « Sacrifice. »
Certes, « Thorgal » c’est aussi une histoire et un univers, mais ces deux éléments sont forcément impactés par les choix de forme.
Or, je trouve qu’on est ici perdant dans le changement. Alors oui, ce n’est pas valoriser la prise de risque ce que je fais, mais d’un autre côté, pourquoi tenter des changements aussi radicaux sur une saga aussi installée que « Thorgal » ?
...Surtout quand le point fort de la saga est justement son style et sa justesse visuelle !

Enfin bon…
Reste l’histoire, mais le problème, c’est que l’histoire est un petit peu à l’image du changement visuel.
Certes c’est riche, mais ça a un côté un peu plus lisse.
Dans les faits, je n’ai retenu en définitive que la fin, que j’ai trouvé intéressante pour ce qu’elle présageait pour la suite.
Par contre, tout le reste, ce n’est que du « fan service » par lequel on sollicite à nouveau les icônes du passé.
Certaines diraient que c’est une façon de donner de la cohérence et de la continuité à l’ensemble de cet univers. Mais moi j’aurais plutôt tendance à voir cela comme une façon déguisée de masquer le fait qu’on a plus trop d’idées pour revitaliser et enrichir la saga sur le long terme. Surtout qu’en plus, cet épisode décide de renouer avec ce qu’il y a de plus fantastique de la saga (Bref, tout ce que je n’aime pas.)

V’là-ti pas notamment que redébarque en mode « deus ex machina » le personnage de Vigrid.
Même chose pour la gardienne des clefs qui n’apparait que pour le plaisir du rappel.
Et en fin de compte, même ce qui n’est pas fantastique dans cet album a des allures de déjà-vu (notamment tout ce qui concerne le retour de Thorgal et des siens dans leur communauté viking).

Au final donc, le seul élément intéressant c’est donc la conclusion.

...
Dommage donc qu’à bien tout prendre, le seul intérêt de cet album se réduise à ce qu’il annonce pour la suite, et non pour ce qu’il amène de lui-même.
Mais bon, allez…
Etant bon public en BD, je laisse le bénéfice du doute à l’ami Thorgal et j’attends de voir la suite…