Bien que faisant clairement partie de la série des aventures d’Adèle Blanc-Sec, celle-ci n’est guère visible dans l’album. La raison en est qu’elle repose toujours dans un bain glacé chez Mouginot. Un bain qui lui fait d’ailleurs du bien puisque, outre la maintenir en état d’hibernation, il la régénère au point de guérir ses blessures. Finalement non, Adèle n’est pas morte ! Elle attend juste son prince charmant, plus prosaïquement celui qui viendra déclencher le mécanisme stoppant la congélation de son bain. Plusieurs personnages vont intervenir dans ce processus, notamment la momie d’Adèle qui œuvre discrètement, du Caire où elle prend du bon temps.


Ceci dit, tous les personnages ne sont pas bien intentionnés vis-à-vis d’Adèle. Illustration avec le major Pochard qui n’est autre que l’ignoble professeur Dieuleveult. Celui-ci voue une haine inextinguible à la journaliste. Il ne sait même plus pourquoi il la hait, mais il ne cesse d’affirmer qu’un jour il aura sa peau. Pour cela, il est disposé à imaginer les plans les plus machiavéliques.


Autre plan machiavélique, celui imaginé par Lucien Brindavoine qui subit les horreurs de la première Guerre Mondiale. Pour y échapper, il est prêt à d’importants sacrifices. C’est ce qui va l’amener à côtoyer le major Pochard. Autre personnage indispensable, le multi-milliardaire Otto Lindenberg qui a lui aussi échappé à la mort (c’est un spécialiste, cela se lit sur son visage). Du côté de la police, Caponi officie désormais sous les ordres du commissaire Fougerolles. Enfin, celui qu’il ne faudrait pas négliger, c’est un certain Coppola ( ! ) qui dirige la mafia new-yorkaise. Il est évidemment inspiré du personnage du Parrain.


Probablement inspiré par l’album hors-série Adieu Brindavoine qui transpirait des envies d’ailleurs, cette aventure d’Adèle Blanc-Sec est incroyablement cosmopolite, puisque oscillant entre Paris, Marseille, Verdun, Long Island (état de New York) et Le Caire. Malheureusement, c’est moins convaincant. L’implication de la mafia va dans un sens qui ne colle pas vraiment avec l’esprit de Tardi. L’album est plus désenchanté qu’ironique. Brindavoine subit une amputation et il en veut à la terre entière, Adèle dort tranquillement, Caponi enquête sur une affaire fantomatique, Coppola et Lindenberg font des affaires et Dieuleveult subit un retour de bâton amplement mérité. Bref, il s’agit d’un album de transition où même le dessin est moins précis que d’habitude. Quant au fantastique qui émaille agréablement la série, il se résume à du delirium tremens. L’épisode est donc assez moyen, moins inspiré que d’autres. Les décors les plus intéressants sont ceux de Marseille et de New York plutôt que de Paris. Révélateur.

Electron
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le 10 juin 2015

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