Pas facile de reprendre une série mythique, lorsqu'on sait que son créateur a fourni très peu d'épisodes au cours de sa vie, mais chaque épisode étant traité comme de vrais bijoux. Beaucoup se sont cassés les dents dessus (il suffit de voir la reprise de Bob Morane pour en être convaincu) Dans le cas de Blake et Mortimer, plusieurs équipes se succèdent pour tenter de faire honneur à Jacobs, avec plus ou moins de bonheur il est vrai. L'onde Septimus n'était pas à mon sens une réussite, le serment des cinq Lords assez valable, la malédiction des trente deniers malgré les problèmes de dessinateurs très convenable.
Alors, qu'en est-il de ce nouvel opus du duo Sente et Julliard? Tout d'abord, le dessin reste fidèle à la série, même si on note ça et là quelques positions assez peu réalistes des personnages. L'histoire prend comme point de départ la question de savoir si Shakespeare a réellement existé, s'en suit donc une enquête menée par Mortimer et Elizabeth, la fille de Sarah Summerton, opposés à ceux qui prétendent que le dramaturge ne peut pas être cet homme issu du peuple. Une enquête avec pour point de mire un testament littéraire, une ultime oeuvre du maître.
C'est à ce niveau que le bât blesse. L'intervention une fois de plus d'Olrik, depuis sa prison, et que l'on découvre très au fait de l'oeuvre du poète, n'a pas de réel intérêt. Tout se passe comme si la présence du colonel était un impératif pour écrire et dessiner un épisode de B&M. Ensuite, les énigmes sont résolus avec une déconcertante facilité par les protagonistes, parfois même sans quasiment de recherche, rendant du coup l'histoire un peu bancal.
Néanmoins, une histoire rondement menée et sans temps mort, qui se laisse lire avec un réel plaisir, et laisse confiant pour l'avenir de la série.