Lucius Fleurdelotus veut mettre le village gaulois d'Astérix hors d'état de nuire en le faisant emmurer. Mais Astérix lance malgré tout un défi : franchir les palissades et faire le tour de Gaule en ramenant des spécialités locales comme preuve de leur passage.
Voilà que nos deux amis Astérix et Obélix partent en voyage à travers la Gaule ( la France comme indiquée sur la couverture de l'album).
Les Romains quant à eux vont tout faire pour saboter leur parcours en lançant des avis de recherche à travers toute la Gaule. Mais nos deux amis bien qu'ils rencontreront quelques traîtres parmi les Gaulois comme dans le récit La Serpe d'or ne reculeront devant rien et iront sur un trajet jusqu'à se faire escorter par les Romains.
Ce récit présente la particularité de mettre en avant les spécialités régionales, que ce soit la gastronomie lyonnaise, les pruneaux d'Agen, le jambon de Paris ou les spécialités du sud est de la France.
Les auteurs auront conçu un récit qui ne manque pas d'action avec l'attaque d'un fourgon postal à Lyon, l'arnaque avec les chars d'occasion, les vacances d'été et surtout l'apparition silencieuse d'un petit chien qui suivra nos amis depuis Lutèce qui n'est autre qu'Idefix. Notons aussi une référence au mur de Berlin au début du récit avec la construction de la palissade pour isoler les irréductibles Gaulois.
Les Gaulois ne remarqueront le petit chien qu'en dernière page du récit après que Obélix l'ait caressé.
On appréciera le jeu de mots avec le nom bêtise, en référence à une spécialité de Cambrai quand les Romains venus pour arrêter les Gaulois disent que ce sont leurs dernières bêtises. Les Gaulois rencontreront aussi des gens qui leur apporteront une aide face aux Romains dont un Marseillais
César Labeldecadix.
On regrettera cependant que format 48 pages oblige les auteurs n'aient pas pu développer un peu plus les spécialités régionales. Cependant d'autres récits plus récents évoqueront ce qui fait l'image d'une région de France, que ce soit le Bouclier Arverne ou Astérix en Corse.
Un album enrichissant qui servira plus tard de modèle pour le troisième album écrit par MM Conrad et Ferri : Astérix et la Transitalique.
Notons qu'une escale à Tours était prévue pour évoquer les rillettes. On pourrait regretter que les auteurs n'aient jamais pensé à concevoir des aventures du petit Gaulois en deux volumes contrairement à ce qu'avait fait Hergé pour Tintin.
Un album d'Astérix qui nous amène à réfléchir sur le patrimoine gastronomique de la France en partie menacé aujourd'hui par l'existence de faux produits régionaux et qui rend hommage à une célèbre course cycliste.
Je recommanderai de se procurer une édition de chez Dargaud afin de découvrir les couleurs d'origine même si le texte n'a pratiquement pas été modifié.
On remarquera que Astérix manque de suspicion lorsqu'il s'agit d'acheter un char d'occasion.
Cependant on le verra se méfier de l'aubergiste d'Aginum Odalix compte tenu de son côté trop avenant contrairement à Obélix en raison de sa gourmandise.
Notons qu'on ne sait pas si les pruneaux offerts par l'aubergiste sont avec ou sans additif suspect (présence de sorbate de potassium dans certains paquets de pruneaux aujourd'hui) contrairement aux sangliers servis à table.
Les villes de Burdigala et de Lugdunum font partie des mieux décrites avec la place des Quinconces et les Traboules. N'oublions pas qu'à défaut de Charovoies on a droit à un parcours via la Voie Romaine VII, référence à la RN 7 immortalisée par Charles Trenet. Notons que les auteurs auraient pu évoquer la Charovoie à travers l'autoroute du massif de l'Esterel, un raccourci efficace ouvert en 1961 pour rejoindre Nicae.
Une aventure qu'on prend plaisir à lire et à relire !