Pénétrez en Melniboné et désespérez .... ou jouissez.
C'était un de ces rares après-midi de tranquillité. Je déambulais entre les rayons BD de la FNAC, oscillant entre l'ivresse et la gerbe. L'industrie BDesque ressemble maintenant à une orgie incroyable, faites de titres toujours plus nombreux, de raz de marée de grosses merdes consacrées aux blondes, au énième titre du reboot des romans en pleine bourre (à quand un petit Twilight des familles ?), ou à Plus belle la vie.
Si vous regardez mes notes de BD, vous direz que je suis incapable de tailler. La raison est simple ; je lis ce que j'achète ou qu'on m'offre. Chose sans doute étrange, j'ai du mal à claquer de l'argent dans des BDs que je n'apprécie pas. Aussi mes achats sont réfléchis, en fonction du thème (Conan, Fantasy, Aviation, Sous-marins, Histoire par exemple), ou plus rarement de quelques coups de coeur découvert en feuilletant les étalages. Elric entre dans cette dernière catégorie. Ce fut un achat compulsif irrépressible.
1 - Fan de Moorcock, voir Elric écrit en grand sur une couverture, j'étais conquis à 40%.
2 - Glénat : je sais qu'ils ont le bon goût de faire un véritable tri dans leurs choix éditoriaux : +20%
3 - Ouverture des 3 premières pages. Par toutes les Hordes du Chaos. Je suis foutu. +1000%.
Adapter Elric en BD, c'est adapter un univers gore, sans concession, totalement barré, malodorant, malsain, fascinant, complexe, terrible, envoûtant. La clé, plus que le scénario en béton, revient donc au graphisme. Le dessin doit porter la parole de Moorcock. Le pari est ici largement, mais alors très largement gagné. Claque visuelle, ce premier tome réussi le tour de force d'ancrer un BG parfait, une ambiance d'une cruauté totale tout en présentant le futur héros, Elric, avec une rare acuité. L'ancrage est assez bluffant, servant un dessin parfaitement adapté, à la fois rond et anguleux. La BD, qui n'est pas à mettre entre toutes les mains, aborde le sadisme à la façon d'un Hellraiser et de ses Cénobites et je dois bien dire que c'est jouissif. D'ailleurs elle m'a donné envie de redécouvrir ce film.
Ce trône de rubis est LE météore de cette année 2013, bousculant tout sur son passage, en tout cas sur le mien. Un pure BD, s'achevant par un cahier de croquis et d'illustrations superbes.
A dévorer comme un pure plaisir coupable.