Le rubis deviendra-t-il diamant ?
Le personnage d'Elric et l'univers qui s'y rattache sont éminemment évocateurs. Michaël Moorcock est une sorte de poète qui par sa prose laisse la part belle à l'imagination du lecteur.
C'est donc à un défi de taille que se sont attaqués les auteurs de cette nouvelle adaptation visuelle. Auteurs nombreux constitués du scénariste, de celui qui trace les traits, de celui et encre et enfin du coloriste. La façon de travailler des deux dessinateurs et de l'artiste chargé de la mise en couleurs se sont révélées complémentaires. C'est donc devant les yeux approbateurs du lecteur que se dévide l'histoire singulière de cet empereur maudit.
La couverture se révèle en tout premier lieu de toute beauté. Ensuite, le style retenu pour l'architecture et les personnages pourra troubler. J'ai personnellement eu un peu de mal avec l'architecture de la porte figurée sur la première planche. Plus tard, je suis resté parfois admiratif (le trône de rubis, les cristaux géants, les tours d'Imrryr), parfois dubitatif (les vaisseaux melnibonnéens, une erreur grossière dans le nombre de "plongeoirs" lors d'un rituel destiné à rendre de l'énergie à Elric). En revanche, les personnages, que ce soit dans leurs caractères (Cymoril est encore plus mystérieuse que l'originale) ou dans leur aspect physique se révèlent tout à fait convaincants à mes yeux. Quand aux créatures titanesques ou démoniaques, leurs apparitions sont effrayantes à souhait. La mise en couleurs habille de belle façon cet ensemble un peu baroque et les scènes de magie ou de bataille transpirent l’effervescence.
Au final, un album de grande qualité qui n'atteint pas la transcendance à laquelle il aurait pu prétendre. Il reste à voir si ce quatuor d'auteurs saura améliorer le niveau déjà élevé dans le second opus.