Le voyageur est un album dont j’ai entendu parlé par hasard. C’est en naviguant sur certains blogs de bédéphiles que j’y ai lu quelques critiques élogieuses. Ces dernières présentaient un ouvrage original à la trame surprenante et envoûtante. Le mystère entourant le héros ajoutait à ce bouquin un attrait certain. Les quelques planches que j’avais eu l’occasion d’observer dégageaient une atmosphère graphique intéressante. Bref, je décidais de me laisser tenter par la rencontre avec ce voyageur pas comme les autres…
La quatrième de couverture pose les enjeux de l’ouvrage avec les mots suivants : « En perpétuel mouvement, ce voyageur parcourt en auto-stop l’immensité des Etats-Unis en quête de l’origine de son mal, étrange et apparemment incurable : l’immortalité. Au gré de ses rencontres, progressant d’un siècle à l’autre, il observe les changements du monde qui l’entoure et qui court selon toute vraisemblance, inexorablement à sa perte. »
La lecture se décompose en sept chapitres et un épilogue. Chaque partie est construite autour d’un personnage principal assez mystérieux. Sa posture, le ton et la nature de ses propos, son attitude distanciée avec son environnement sont autant de caractéristiques qui en font quelqu’un qui intrigue et inquiète à la fois. Chaque nouvelle nous conte sa rencontre avec des personnes tous différents au cours d’un déplacement (auto-stop, transports en commun, etc.). Ce choix narratif donne l’impression que chaque chapitre peut être lu indépendamment. En effet, le fil conducteur apparaît minime. Je dois bien avouer qu’il le restera, à mes yeux, jusqu’au bout…
Mon premier contact avec ce personnage obscur est plutôt positif. L’aura troublante qui l’accompagne accélère l’immersion dans la lecture en éveillant notre curiosité. Les premiers échanges qu’il a dans une voiture avec un chauffeur charitable l’ayant recueilli sont bien construits et accentue le ton angoissant de l’ensemble. L’intensité dramatique est bien dosée et aboutit à une conclusion plutôt réussie. L’introduction fonctionne bien.
Hélas, par la suite, je dois bien dire que le processus s’étiole. Le mécanisme de chaque nouvelle se ressemble. Certaines ont un scénario peu abouté et semblent tirer par les cheveux. Le sentiment que j’ai eu est que l’auteur, Koren Shadmi, a une bonne idée de court métrage mais n’a pas la matière pour en faire un long. Il a les billes pour rédiger une nouvelle mais pas assez pour en faire un roman. Bref, la qualité diminue au fur et à mesure que la lecture avance. La dégradation de l’ensemble fait qu’on en vient à attendre le dénouement pour en terminer. J’ai eu le sentiment que l’auteur a une bonne idée de base mais qu’il n’a pris le temps de la travailler, la structurer et la développer avant de passer à la mise sur papier. C’est dommage car le résultat offert est, à mes yeux, très décevant.
Vous l’aurez compris, je suis sorti déçu de ma lecture. Je trouve l’ouvrage sans grand intérêt. Le scénario manque d’idées, le personnage laisse au final assez indifférent, les dessins sont sans réelle personnalité. J’ai vraiment du mal à comprendre les éloges que j’avais pu en lire de la part de certains bédéphiles. Peut-être suis-je passé à côté de quelque chose. Mais de quoi ? Mystère…