Cauvin, jette-toi à l'eau!
A l'instar d'Hergé, Cauvin décide enfin d'ouvrir des livres d'histoire afin de crédibiliser ses récits... et certainement y trouver des idées. C'est une bonne démarche, mais le scénariste se perd un peu dans le processus.
En effet, le problème c'est qu'il n'y a pas de narration. Déjà pendant 20 pages, l'auteur nous trimballe un running gag vite assomant (Chesterfield et Blutch viré de poste en poste), et lorsqu'enfin ils arrivent au point le plus intéressant, les bateaux, ils ne sont plus là que comme observateurs impuissants. Les batailles navales sont plus ou moins intéressantes mais elles ne sont qu'une reconstitution rapide des vrais combats. Cauvin conclut avec un fait historique authentique (il insiste), mais au final nos héros n'ont rien fait. Heureusement pour quiconque s'intéresse un minimum à l'histoire on ne s'embête pas, mais l'on ne peut décidément pas parler d'une aventure des tuniques bleues. Autre caractéristique qui maintient le lecteur éveillé, c'est aussi l'alchimie toujours mieux des deux protagonistes. Ils n'arrêtent pas de se chamailler et pourtant on comprend le fait qu'ils restent ensemble.
C'est surtout graphiquement que l'album comporte de l'intérêt. Lambil se sent de plus en plus libre, pas totalement (l'on constatera que de temps en temps il dessinera des oreilles à sa façon le temps d'une case). La caméra bouge plutôt bien, même si l'auteur privilégie des plans éloignés (classique), ce qui offre au lecteur un découpage dynamique, renforçant les gags mais aussi la violence (les scènes de bataille sont vraiment bien dessinées). En plus, les couleurs sont mieux gérées que dans les albums précédents et le lecteur aura droit à quelques jolis plans de nuit.
Bref, on sent que les auteurs maîtrisent de mieux en mieux leurs personnages tant dans le dessin que le scénario ; si Lambil délivre de très belle planche, Cauvin peine à raconter une histoire, à exploiter ses informations qu'il a péchées dans des livres d'histoire. Mais ça va venir, ne soyons pas défaitiste.