Enfin, le voilà ! Le fameux spin-off d'une de mes séries préférées par mon auteur préféré ! Si Alex Alice n'est plus aux commandes de ce récit inspiré du Château des étoiles, il cède la place à Alain Ayroles, garantie que la qualité sera toujours au rendez-vous. Ce choix est des plus cohérents quand on sait qu'initialement, Alice avait proposé à Ayroles de réaliser la série principale avec lui (l'auteur de De Cape et de Crocs est d'ailleurs remercié dans Le Château des étoiles).
Alors que vaut ce transfert de pouvoir ? Franchement, j'avais quelques craintes, mais c'est une excellente surprise ! Seule une légère frustration découle de la découverte qu'il ne s'agit pas d'un one-shot mais du premier tome d'une trilogie à venir. Frustration bien vite effacée par le plaisir de savoir qu'on aura donc le temps de se plonger dans cet univers fascinant qu'Ayroles s'approprie de la plus belle des manières.
Ma seule vraie déception, c'est le dessin. La patte d'Etienne Jung n'est pas mauvaise en elle-même, mais je trouve que son trait ne réussit jamais à rendre l'univers imaginé par Ayroles aussi enchanteur que je l'aurais voulu. On dirait plus des images de dessins animés, évoquant parfois davantage ces bandes dessinées racontant un film d'animation, qu'un dessin conçu pour le format BD. Allié aux couleurs très vives (jolies, elles), on se croirait complètement dans un Disney. Ce n'est pas toujours un mal en soi, mais je trouve que ça ne fonctionne jamais totalement, car le dessin manque un peu de personnalité, et qu'on est nécessairement porté à effectuer la comparaison avec la saga initiale d'Alex Alice, à mille lieues au-dessus.
Passé ce petit défaut pas si méchant que ça, c'est évidemment un vrai plaisir de renouer avec l'univers du Château des étoiles ! On se trouve ici bien des années plus tard, une fois que le lien entre la Terre et les autres planètes est parfaitement maîtrisé par l'Homme, et que la colonisation pure et dure peut réellement commencer. Vénus, sa faune et sa flore préhistoriques, deviennent donc à leur tour l'objet de la convoitise humaine, d'autant qu'elle semble recéler en son sein des ressources insoupçonnées d'éthérite...
La guerre coloniale entre la France et l'Angleterre (qui ont toutes deux des possessions sur Vénus) n'est qu'effleurée ici, mais devrait constituer une toile de fond importante dans le reste de la trilogie. On est donc du côté franco-français pour suivre ces différents personnages, parfaitement conformes aux habitudes ayroliennes : un riche colon avide de pouvoir, une femme forte prête à tout pour retrouver son amant, des scientifiques gentils et un peu benêts... Bref, on est dans la norme de l'auteur, et ces personnages collent tout-à-fait avec l'univers d'Alex Alice, même si on espère qu'ils seront davantage développés dans les tomes à venir.
Ce qui séduit plus que tout, bien évidemment, c'est l'univers développé par Ayroles, s'appuyant comme toujours sur des dialogues merveilleux d'intelligence et d'écriture. On est à fond dans une sorte de Jurassic Park steampunk et ça fonctionne du tonnerre ! Bon, il faut le temps que le récit se mette en route, c'est un premier tome qui pose les bases de quelque chose de plus ample, mais ça démarre vraiment bien. La découverte de ce monde merveilleux, un peu tempéré par le manque de personnalité du dessin de Jung, donc, fait tout de même son effet sur le lecteur à la recherches de sensations, et on veut absolument en savoir plus, d'autant que le tome se termine sur un étrange cliffhanger qui augure bien des rebondissements et une vraie originalité...
Si certains pourront trouver que le récit peine à trouver son rythme par moment où manque un peu d'originalité, justement, j'apprécie énormément pour ma part cette plongée dans un nouveau type d'univers à la Jules Verne (Le Château des étoiles, c'était De la Terre à la Lune, Les Chimères de Vénus, c'est Voyage au centre de la Terre). Bref, même si on reste un peu sur notre faim à cause du sentiment qu'on n'en est qu'aux balbutiements de quelque chose de bien plus grandiose qu'on n'imagine sans doute pas encore, un excellent premier contact !
Je vais avoir du mal à attendre la suite, moi...