Quand Tintin part en Égypte et découvre que fumer tue… surtout quand c’est dans un sarcophage

Avec Les Cigares du pharaon (1955), Hergé embarque Tintin dans une aventure exotique pleine de mystères, de complots, et de cigares pas tout à fait comme les autres. Cet album, à la croisée de l’égyptologie et du polar international, marque une étape importante dans les aventures du reporter, tout en restant légèrement chaotique dans sa narration.


L’histoire débute par une croisière paisible (trop paisible pour être honnête), qui plonge rapidement Tintin dans une série de péripéties impliquant des momies, un trafic de drogue, et une société secrète aussi discrète qu’un feu d’artifice. De l’Égypte aux jungles indiennes, en passant par des bagarres, des arrestations arbitraires, et des évasions spectaculaires, l’intrigue avance à un rythme effréné, parfois au détriment de la clarté.


Tintin, fidèle à lui-même, fait preuve d’un courage et d’une ténacité sans faille, même lorsqu’il est confronté à des dangers improbables (comme être coincé dans un sarcophage ou pourchassé par des éléphants). Si son rôle de justicier intrépide est bien établi, il reste un peu monolithique, laissant peu de place à la spontanéité ou à l’humour.


Les personnages secondaires, en revanche, apportent une bonne dose de couleur à l’histoire. Le professeur Philémon Siclone (alias Sophocle Sarcophage), avec son obsession pour les reliques anciennes, est aussi excentrique qu’attachant. Les Dupondt, bien qu’encore en rodage dans cet album, commencent à montrer leur potentiel comique avec leurs enquêtes absurdes et leurs déguisements improbables.


Les méchants, bien que mystérieux, manquent un peu de charisme. La société secrète qui tire les ficelles du trafic de drogue reste dans l’ombre, ce qui enlève une part de tension dramatique à l’histoire. Cependant, les nombreux rebondissements et révélations compensent cette faiblesse en maintenant un intérêt constant.


Visuellement, Hergé s’illustre par ses décors détaillés et ses compositions dynamiques. Les paysages égyptiens, avec leurs pyramides et leurs temples, sont magnifiquement rendus, tandis que les jungles indiennes regorgent de vie et d’énergie. Chaque case est un régal pour les yeux, même si certaines transitions abruptes trahissent encore une narration en développement.


Narrativement, Les Cigares du pharaon souffre d’un léger déséquilibre. Les idées sont nombreuses et souvent brillantes, mais elles s’enchaînent parfois de manière désordonnée, donnant l’impression que Tintin saute d’une péripétie à l’autre sans véritable fil conducteur. Cela dit, l’énergie de l’ensemble et le charme des situations absurdes rendent l’expérience globalement agréable.


En résumé, Les Cigares du pharaon est une aventure exotique et palpitante qui montre Tintin à ses débuts dans des intrigues internationales complexes. Malgré une narration un peu brouillonne, l’album reste un classique, porté par son rythme effréné, ses décors somptueux, et l’irrésistible détermination de Tintin. Un voyage où la fumée des cigares cache des mystères, mais aussi quelques jolis éclats de rire.

CinephageAiguise
7

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le 23 déc. 2024

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