Le charme de ce récit tient à plusieurs éléments:
* la représentation de l'univers enfantin d'âge scolaire, avec le mélange spontané d'échanges fondés sur les fictions les plus extravagantes et sur des faits réels, parfois en un langage codé personnel (ici, le "bifteck")
* l'atmosphère des classes primaires et des cours de récréation, avec les petits et gros conflits, les volontés d'affirmation de soi et de dénigrement de l'autre, leurs moqueries vaches, l'humiliation d'avoir l'air amoureux
* la représentation de la vie familiale, avec des parents plus ou moins éloignés des préoccupations de leurs enfants, et ici une famille "recomposée"
* la transposition au niveau enfantin des psychoses de "complot" si fréquentes chez les adultes, et des comportements atypiques qu'elles entraînent.
Surtout, le récit joue sur le contraste entre le charme quotidien largement développé au début, et l'évolution de l'intrigue au fil des pages. La fin est habilement préparée, et conserve la naïveté enfantine jusqu'au bout.