Avec Les Dalton dans le blizzard (1963), René Goscinny et Morris nous offrent une course-poursuite givrée où Lucky Luke et les Dalton s’affrontent dans un décor enneigé digne des plus grands westerns polaires. Entre coups tordus, gags à gogo, et un Rantanplan encore plus à l’ouest que d’habitude, cet album prouve que même en plein blizzard, les Dalton trouvent le moyen de faire fondre nos zygomatiques.
L’histoire débute par une évasion classique des Dalton. Mais cette fois, la cavale les emmène tout droit vers le Canada, où les étendues glacées et les trappeurs bourrus remplacent les cactus et les saloons. Lucky Luke se lance évidemment à leur poursuite, bien décidé à les ramener derrière les barreaux avant qu’ils ne sèment trop de pagaille dans le Grand Nord.
Les Dalton, fidèles à leur réputation, brillent par leur incompétence légendaire. Joe, toujours aussi irascible, tente d’imposer sa volonté, mais se heurte à la bêtise monumentale d’Averell, à la docilité de William et Jack, et, bien sûr, aux conditions climatiques. Voir ces quatre zigotos essayer de survivre dans le froid tout en concoctant des plans foireux est un régal.
Lucky Luke, quant à lui, reste l’image de la maîtrise et de l’efficacité. Son flegme face aux éléments et aux absurdités des Dalton est aussi impressionnant qu’amusant. Il joue ici un rôle un peu plus discret, laissant la part belle aux mésaventures des bandits, mais chacune de ses apparitions est marquée par son intelligence et son sens de l’humour.
Rantanplan, fidèle à lui-même, est une catastrophe sur pattes. Totalement dépassé par la neige et les enjeux, il multiplie les bourdes hilarantes, confondant souvent les Dalton avec des arbres gelés ou des stalactites. Sa seule véritable contribution est d’ajouter une couche supplémentaire de chaos à une situation déjà absurde.
Visuellement, Morris s’éclate avec les décors enneigés. Les paysages glacés, les cabanes isolées, et les scènes de tempête sont magnifiquement dessinés, donnant à l’album une ambiance unique dans la série. Les expressions exagérées des Dalton, qu’il s’agisse de Joe enragé ou d’Averell affamé, renforcent l’effet comique.
Narrativement, l’histoire est bien rythmée, alternant entre gags visuels, dialogues percutants, et moments de tension légère. Les dialogues de Goscinny, toujours aussi savoureux, oscillent entre jeux de mots et répliques absurdes. Le cadre hivernal apporte un vent de fraîcheur (littéralement) à l’intrigue, offrant de nouvelles situations comiques.
Cependant, le scénario reste relativement simple : une cavale, des gags, et une capture inévitable. Mais cette simplicité est compensée par la richesse des interactions et l’originalité du cadre.
En résumé, Les Dalton dans le blizzard est une aventure hilarante et rafraîchissante de Lucky Luke, où le froid et la bêtise rivalisent pour voler la vedette. Avec des Dalton au sommet de leur idiotie, un Rantanplan fidèle à son statut de pire chien du Far West, et des décors enneigés magnifiques, cet album est un pur plaisir. Une cavale polaire où les Dalton perdent plus que leurs traces dans la neige : leur dignité, leur logique… et probablement quelques orteils.