Me voilà donc un peu à contre-courant, avec une réaction mitigée à cette lecture. En tout cas, il y a une chose avec laquelle je suis d'accord avec toutes les autres critiques : le trait d'Hozumi, délicat et pourtant assez détaillé, sert très bien l'histoire, et graphiquement, ce manga est de très bonne qualité.
Je me suis complètement traîné pendant la première moitié de l'ouvrage, peinant à avancer, la curiosité piqué par l'aspect uchronique et... pourtant il y a quelque chose qui ne passait pas. Malgré tout, l'auteur soulève des questions intéressantes, notamment sur la place de l'art dans la société, et les réponses qui sont apportées à ces questions sont également fascinantes ! Vraiment, on sent qu'il y a un amour pour la question et un travail très sensible réalisé par Hozumi pour planter son histoire et la faire tourner autour de l'art dans ce Paris historique.
Passé la première partie, mon intérêt s'est réveillé, et la conclusion choc de l'histoire a tout de même réussie à me prendre par surprise.
Soyons clair : si j'ai trouvé la fin de cette histoire fascinante, elle m'a laissé un très mauvais arrière-goût, parce qu'il y a des idées qui m'ont mises extrêmement mal à l'aise, dedans. Le détail du pourquoi contient des spoilers pour la fin du manga.
Que la réinterprétation du personnage de Van Gogh n'intègre pas les aspects de la maladie mentale, pourquoi pas, je n'étais pas particulièrement conquis par le personnage dépeint par Hozumi, mais, voilà, pourquoi pas.
Mais, en tant que personne souffrant de maladie mentale, et pour qui la figure de Van Gogh, et sa volonté de soigner sa maladie pour pouvoir continuer à créer, a été presque sauveur (le mythe qu'on ne peut que créer en souffrant pèse parfois, ah...), voir l'auteur faire en sorte que ceci ne soit qu'une histoire inventée par Théo pour intéresser le public, que celui-ci soit assez intrigué par l'aura "sombre" et "terrible" de l'homme pour aller voir ses tableaux et être touché par les émotions qui s'en dégagent ? Je l'ai pris comme un coup au cœur, vraiment. La santé mentale de Vincent, un simple artifice pour attirer le public, plutôt qu'une véritable souffrance de quelqu'un qui cherchait à aller mieux pour continuer sa passion.
On pourra me dire que ce n'est qu'un aspect mineur de l'histoire, mais celle-ci "inventant" l'histoire du peintre torturé, pour remplacer la vie "ennuyeuse" de Vincent, histoire d'attirer le public, je n'ai pas réussi à le prendre comme cela. Et cela a complètement ruiné l'histoire pour moi.
Ah, et c'est totalement mineur, mais j'avoue que j'aurais préféré l'ouvrage en deux volumes plutôt qu'une intégrale. Je l'ai trouvé un peu lourd en main. Mais ça reste très chouette que l'éditeur nous ait publié cette histoire et fait un effort pour réunir les deux volumes.
En conclusion : ... meh. Il y a des choses très intéressantes, le dessin est beau, mais j'ai pataugé et la fin m'a a la fois fasciné et en même temps avec un propos dérangeant que je n'ai pas du tout apprécié.