Céline a écrit "Nous crevons d'être sans légende, sans mystère, sans grandeur". Les Folies Bergère dépeint un brin de vie des soldats de la Grande Guerre à travers des planches torturantes, englobant toute la misère en un lieu dérisoire mais violent : les tranchées. Les dialogues entre nos chers poilus sont plutôt simple, on s’y accroche, on s’y tient, on prend part à la conversation, puis on crève. L’immersion est totale. Zidrou a ici opté pour une trame scénaristique plutôt intéressante mais loin d’être le principal intérêt du récit, à savoir un soldat condamné, Bernstein, qui ne succombe pas à sa mise à mort, et cela à trois reprises (!) Cette trame est entrecoupée de flash-back, de petites scènes ayant plus ou moins de rapport avec l’histoire. Par exemple, Claude Monet peignant ses éternelles mares, dénudées de grenouilles, scène de paix et d’harmonie, de complicité comique entre un peintre et un jeune garçon, en parenthèse de l’horreur des combats. C’est réellement l’ambiance générale de la BD qui m’a impressionné, qui m’a sans arrêt tenu en haleine au fil des pages. Ces soldats, attachants, ou monstrueux, auxquels on craint de trop s’attacher, car on sait que la mort ne rode jamais très loin.