Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Autant j'avais aimé beaucoup les autres livres de Davodeau, autant je me suis vraiment, mais alors vraiment ennuyé à la lecture de celui-ci... Alors oui, bien sûr le projet est généreux, bien sûr ça prend son temps, c'est rural, c'est le retour à la nature, la vrai, la bio sans le label...mais qu'échangent vraiment les personnages à part un amour béat de la Nature? Autant il y avait une profondeur des personnages, une quête dans Lulu femme nue, et des discours intéressants dans Rural et les Mauvaises gens, autant ici il n'y a qu'une amitié plate de deux passionnés qui n'arrivent jamais vraiment à échanger, l'impression d'un échange forcé qui tourne à vide, même avec force tablées arrosées. Idem l'univers de la BD, c'est bourré de clichés sur les auteurs idéalisés, les vrai les purs Auteurs avec un grand A, les vieux de la vieille de la BD, aussi enfermés dans leur cercle que le vieux dans sa vigne...
Et puis la Bd de reportage c'est un genre passionnant quand on découvre, on cherche, on explique, là Davodeau se contente de parler du métier d'auteur, et propose quelques infos sur le vin qu'on peut voir dans n'importe quel reportage de france 5.... Au passage, la biodynamie c'est super mais le bref rappel historique (une page) oublie de préciser que dans certains pays, l'anthroposophie est classée dans la liste des sectes, ce qui ne rend pas le brave vigneron coupable de quoi que ce soit, mais aurait pu intéresser le lecteur, au delà de la blague entre deux rangs de vigne...
Au final, je n'ai pas arrêté de penser à la chanson de Brassens : "Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part" dans laquelle il critique les oeillères des gens du terroir... extrait de ce magnifique texte :
Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
Enfouissent la tête on trouve pas plus fin
Quand à l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
Leurs bulles de savon c'est du souffle divin
Et petit à petit les voilà qui se montent
Le cou jusqu'à penser que le crottin fait par
Leurs chevaux même en bois rend jaloux tout le monde
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part