"Cette satanée face jaune m'a toujours déplu aussi"
Par tous les dieux des zincs à piston, voici un challenge que je me fixe avec joie : rééquilibrer un peu mon quota de critiques en m’attaquant à mes BD phares ; après tout, j’ai passé au moins autant de temps à lire ces pages, à les user, à les reproduire, qu’à me vautrer dans un canapé devant mon écran favori.
C’est parti pour l’intégrale de Buck Danny, héros de mon enfance qui ne m’a jamais quitté. Pour le néophyte le pitch est assez simple : Buck est un jeune pilote qui se trouve embarqué dans la seconde guerre mondiale après l’attaque de Pearl Harbour. Une histoire de mec, de zincs, de combats aériens sous la plume de Victor Hubinon (Dessins), Jean-Michel Charlier (Scénario, Textes et Dessins)
et enfin Georges Troisfontaines (Scénario et Textes).
Soyons totalement honnête, en termes de dessin, nous sommes loin d’un truc extraordinaire. Tout est simple, si ce n’est par moment simpliste, les visages sont monochromes au possible, les cheveux aussi bref, une BD de son temps. Passé les 20 premières planches on constate une amélioration assez nette des expressions, des personnages et des arrières plans, ce qui est une bonne chose. Enfin, par exemple, le fond bleu laisse apparaître un ciel qui ressemble à quelque chose.
Côté héros, pas de demi-mesure : Buck est sûr de lui, pilote plein de talent. Il ne doute pas, castagne, affronte la guerre avec entrain – même s’il se fait descendre plusieurs fois -, va même permettre de se tirer des mâchoires d’un requin avant de réchapper de justesse à une bande de sauvages non sans avoir piqué un bombardier nippon qu’il réussira à poser sur un porte-avion ! Le nippon lui est un pervers, un traître, un super salaud bref, une face de citron.
Cette BD dispose de solides atouts : les duels aériens sont de bonne facture. La trame nous embarque dans le début de la guerre lorsque tout semble aller de mal en pis pour les USA avec une belle rigueur historique. De petits encarts sympathiques nous en apprennent plus sur les avions présentés, les navires, les plans de bataille, les insignes et autres uniformes. Et puis, mine de rien, en cette année 1948, voici une BD qui présente la guerre sous un jour assez sombre : incompétence de chefs, morts de personnages attachants. Quant au vocabulaire utilisé, il doit être remis dans son contexte : en 1948 les colonies existent toujours. Mieux et plus éclairant, le propos sert à merveille le racisme absolu qui existe pendant toute la Guerre du Pacifique …A noter l'apparition de la première femme de la série, une autochtone au destin ... non, je ne dirai rien.
Alors que s’achève la Bataille de la Mer de Corail Buck est paré pour de nouvelles aventures …
Un 8 qui sent bon la nostalgie, mais pas que ...
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