Avec Les Lauriers de César (1971), René Goscinny et Albert Uderzo livrent une aventure hilarante où nos deux Gaulois préférés quittent leur village pour Rome, le tout à cause d’un pari improbable. C’est une histoire où les coups de poing rencontrent les intrigues politiques, et où la quête du prestige tourne rapidement au chaos. Bref, un cocktail typiquement gaulois.
L’intrigue démarre lors d’un dîner un peu trop arrosé : Abraracourcix, dans un moment de fanfaronnade alcoolisée, promet à sa femme Bonnemine de parfumer le prochain ragoût… avec la couronne de lauriers de César. Résultat ? Astérix et Obélix se retrouvent embarqués dans une mission où ils doivent infiltrer la capitale de l’Empire romain pour voler un objet aussi symbolique que bien gardé. Une chose est sûre : César aurait dû protéger son herbier avec un peu plus de vigilance.
Astérix, fidèle à lui-même, est le cerveau de l’opération. Rusé, persévérant, et parfois légèrement sarcastique, il porte l’histoire sur ses épaules. Obélix, quant à lui, offre un contraste comique parfait : naïf, impulsif, et toujours prêt à distribuer quelques baffes. Le duo fonctionne ici à merveille, notamment grâce à leurs mésaventures dans les bas-fonds de Rome et les cercles de la haute société.
L’une des forces de cet album est son exploration de Rome. Goscinny et Uderzo s’amusent à caricaturer la société romaine, des riches patriciens à leurs esclaves en passant par les gladiateurs et les gardes impériaux. Chaque rencontre est l’occasion de nouveaux gags, souvent basés sur des quiproquos ou des dialogues savoureusement absurdes.
Visuellement, Uderzo est en grande forme. Les décors romains, des palais luxueux aux tavernes douteuses, sont détaillés et vivants. Les expressions faciales des personnages, qu’il s’agisse des rictus exaspérés de César ou des regards incrédules des Romains face à Obélix, ajoutent une couche supplémentaire d’humour.
Goscinny, de son côté, brille par son écriture. Les dialogues sont incisifs, pleins de jeux de mots et de références à la fois historiques et contemporaines. L’humour repose autant sur les situations que sur les répliques, avec des moments qui oscillent entre comédie de situation et satire sociale.
Si l’on devait chercher un défaut, ce serait peut-être le rythme, qui connaît quelques longueurs au milieu de l’album. Certaines scènes, bien que drôles, s’étirent un peu trop, ce qui ralentit légèrement l’avancée de l’intrigue. Mais ces moments sont vite compensés par des gags mémorables et des rebondissements inattendus.
En résumé, Les Lauriers de César est une aventure réussie et pleine de panache, où Goscinny et Uderzo prouvent une fois de plus leur talent pour mêler humour, action, et satire. Astérix et Obélix, dans leur quête rocambolesque, offrent une plongée hilarante dans la Rome antique, avec des scènes qui restent gravées dans les mémoires. Une mission épique pour deux héros qui n’ont définitivement pas les lauriers dans leur poche.