Les Miettes
6.8
Les Miettes

BD franco-belge de Ibn Al Rabin et Frederik Peeters (2001)

Poussière, canyons et grands espaces, fusillades et cavalcades endiablées, attaque de convoi en règle...Tous les éléments inhérents au stéréotype du Western sont là, dans cette histoire qui, bien que carrément à l'ouest, n'en est pas un. Juste la chimère épique de micronotables d'une picopatrie en mal de reconnaissance et qui décident, pour apaiser leur soif de gloire, de détourner... un train !

A la fois huis clos ferroviaire burlesque pimenté d'un non-sens à la Monty Python (le côté subversif en moins) et rail-movie au dynamisme débridé d'un film Keatonien, ce one-shot dévoile sous le graphisme inimitable d'un Frederik Peeters en grande forme, un scénario délicieusement absurde et insidieusement drôle. L'incongruité des situations, les réparties infaillibles et une galerie de personnages décalés et extravagants (faux jumeaux réunis en vrais siamois, alchimiste à deux balles transformant le gris du plomb en un jaune qui faute de caractéristiques aurifères présenterait plutôt des vertus anisées hilarantes...) rivalisent dans un festival de cocasserie et de poésie loufoque. Ce n'est certes pas sans défaut. La psychologie des protagonistes stagne au niveau des pâquerettes et la trame déjantée est le prétexte à un déballage verbal excessif qui abuse, par instants, d'un procédé consistant à fourrer systématiquement dans la bouche des personnages la réplique qui doit faire mouche, mais qui ne s'avère pas toujours bien à propos. Peu importe, au final, cela reste assez jubilatoire. Bon an mal an, les dialogues s'enfilent comme des perles. Des palabres souvent truculentes qui oscillent entre joutes ciselées surréalistes, intellectualisme de comptoir et piques des plus fleuries. On se laissera porter par une ambiance franchement barrée, mais sans outrance, avec sur le visage un petit sourire de satisfaction persistante.

Achat déconseillé. C'est un album au style très singulier et plutôt cher. Et même si c'est un très bel objet, la déception risque d'être à la hauteur de l'investissement pour qui n'adhérera pas à ce type d'humour. Encore faudra-t-il le trouver (seulement 900 ex.), quoi qu'il en soit, s'il devait vous passer devant le nez, ne laissez pas filer l'occasion de le lire...
Sejy
9
Écrit par

Créée

le 19 août 2011

Critique lue 220 fois

4 j'aime

Sejy

Écrit par

Critique lue 220 fois

4

D'autres avis sur Les Miettes

Les Miettes
Chro
8

Un récit dominé par une quête de l’extraordinaire et par l’abolition des frontières.

Par Nicolas Tellop À un moment, dans The Darjeeling Limited, le train se perd : les personnages n’ont aucune idée de l’endroit où ils se trouvent. Épisode hilarant et ô combien surréaliste qu’on se...

Par

le 26 mai 2014

1 j'aime

Les Miettes
trevorReznik
10

BD folle mais pas débile (nuance)

Si vous aimez l'humour absurde avec des personnages hauts en couleur, n'hésitez pas. Ce que j'aime particulièrement ici, c'est que même quand on passe d'une scène complètement barré à une autre, le...

le 14 juil. 2012

1 j'aime

Les Miettes
Biznut
6

Critique de Les Miettes par Biznut

Une BD loufoque. Le détournement d'un train par un bande de monstres de foire. Scénario correct, plutôt amusant. Visuel vraiment intéressant

le 16 avr. 2014

Du même critique

Un printemps à Tchernobyl
Sejy
9

Effroyable beauté...

Regard oblique. Vision biaisée d’un no man’s land au temps suspendu. Sensation indésirable de plénitude. L’auteur peste, témoin impuissant à retranscrire l’horreur du désastre. Pourtant dans ses...

Par

le 18 oct. 2012

14 j'aime

Mémoire morte
Sejy
9

Critique de Mémoire morte par Sejy

Mémoire morte est, à mes yeux, l'œuvre la plus accessible de l'auteur. Les métaphores sont limpides et le scénario, malgré de savoureux et traditionnels accents d'absurdité, est d'une logique...

Par

le 19 août 2011

12 j'aime

Hallorave - Le Roi des mouches, tome 1
Sejy
10

Critique de Hallorave - Le Roi des mouches, tome 1 par Sejy

Je flotte, ahuri. Prisonnier de la bulle nihiliste et lumineuse que Mezzo et Pirus ont créée pour moi. Je vagabonde entre les états d'âme. Béat, repus du plaisir, que dis-je, de la jouissance...

Par

le 19 août 2011

11 j'aime

4