Hi Comics publie dans un même volume (320 pages) les sept premières histoires des Tortues ninja, accompagnées d’une micro-série sur Raphael et Casey Jones. En noir et blanc, et avec des commentaires additionnels de Kevin Eastman et Peter Laird, nous (re)découvrons les origines de maître Splinter et de ses célèbres Tortues.


On doit ces sept comics inauguraux à Mirage Studios, une structure encore balbutiante se bornant à Kevin Eastman et Peter Laird, alors pareillement impliqués dans le dessin, l’encrage, le lettrage ou le scénario. Inspirés de Jack Kirby et Frank Miller, mais aussi de Star Wars, les deux artistes vont réaliser un rêve auquel ils ont longtemps peiné à croire : vivre de leurs créations. Ils doivent d’abord emprunter de l’argent à leurs proches pour financer leur premier comic book et finissent, contre toute attente, par en écouler 3000 exemplaires. Jusqu’à ce premier succès, ils envisageaient tous deux de faire un bide commercial, comme ils le confessent eux-mêmes entre deux épisodes des Tortues ninja. En lisant leurs commentaires, on comprend la passion, la naïveté et la précarité qui ont présidé à la naissance des célèbres mutants à carapace : discussions animées pour savoir s’il faut gaspiller une pleine page pour un simple plan large de New York la nuit ; rééditions inespérées ; planches façonnées à quatre mains par des dessinateurs vivant (un temps) dans des villes différentes ; allusions trop franches à Star Wars ; volonté, avant toute autre chose, de créer des comics pour soi-même… En octobre 1985, alors que la première édition du cinquième tome voit le jour, Kevin Eastman et Peter Laird vivent déjà de leur art. Leur rêve s’est concrétisé et le public se montre fidèle aux aventures de Leonardo et ses frères…


Ces premières aventures, dont les dessins, déjà splendides, sont en voie de maturation, jettent les bases des Tortues ninja : les origines, l’enseignement de Splinter, l’antagonisme profond et ancien entre ce dernier et Shredder, le clan Foot et sa branche new-yorkaise, le gang urbain des Dragons pourpres, le fugitoïde, l’IRTC, Casey Jones, l’amitié avec April… Beaucoup de traits constitutifs de l’univers TMNT sont déjà contenus, et pas seulement en germe, dans ces classiques de la première heure. On y découvre même des trouvailles géniales : Casey Jones regardent trois postes de télévision simultanément, tous diffusant des séries policières ringardes qui alimentent sa soif de justice ; les tours du Wall Trade Center sont menacées de destruction (nous sommes au milieu des années 1980) ; Leonardo et Raphael sont présentés de telle sorte que leurs personnalités sont (déjà) appelées à s’opposer ; une course-poursuite de seize pages émaille l’un des épisodes ; cliffhangers, mousers, téléportation à travers l’espace, scènes violentes (avec du sang), aérocars, Tricératons inspirés des tricératops, montagne mobile, arène où les esclaves se battent jusqu’à la mort se nichent les uns après les autres, et sans invraisemblances grossières, dans cet excellent volume…


Au bout de ces sept épisodes (+ une micro-série), Kevin Eastman et Peter Laird avaient une vision cohérente à moyen terme de leur histoire. Ils s’imposaient alors une cadence infernale, puisqu’un comic book voyait le jour toutes les dix semaines environ. Sans jamais rien sacrifier de leur qualité. Il est difficile de ne pas se passionner pour ces histoires qui s’inspirent autant qu’elles inspirent, capables de passer des égouts new-yorkais à une planète inventée de toutes pièces, le tout dans un mélange de gravité et d’humour délectable. Ajoutez à cela les souvenirs et commentaires des deux créateurs à la fin de chaque épisode et vous obtenez un volume indispensable à tous les aficionados de l’univers TMNT.


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Cultural_Mind
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le 5 déc. 2019

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D'autres avis sur Les Origines - Teenage Mutant Ninja Turtles Classics, tome 1

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