Une plongée dans l'horreur

Du sang, des meurtres, des viols, du cannibalisme, des exécutions et … des monstres marins.

Si les premiers Donjon Crépuscule sont tristes et mélancoliques, les derniers Donjon Potron-Minet sombres et désenchantés, Crève-cœur (DM8) dur ou Des soldats d’honneur (DM10) d’une noirceur et d’une tristesse absolues, Les profondeurs est certainement l’album le plus glauque de la série. Il faut croire en effet que Sfar et Trondheim étaient dans un sacré bad trip le jour où ils ont écrit le scénario de ce Donjon Monsters hyper trash : les scènes de viols, de massacre, d’exécutions, de torture, de violence gratuite abondent en effet de la première à la dernière page. L’ensemble ne donne pas vraiment envie de rigoler et peut même s’avérer écœurant par moment (la scène d’ouverture est ultra glauque).

Le fait d’apprendre tout un tas d’informations croustillantes sur les personnages et l’univers de Terra Amata compense un peu le malaise mais pas totalement. Les fans y trouveront néanmoins leur compte : découverte de l’univers sous-marin de Terra Amata, retour des pirates mouradistes, découverte d’Aquabonne-Ville, conquête des océans par le Grand Khan avec ses légions sous-marines, retour sur le devant de la scène des personnages de Papsukal et de Shiwomitz … Le background du Donjon s’enrichit considérablement.

Ce qui sauve toutefois au final cet album du dégout et qui fait qu’on ne le referme pas au bout de deux pages, c’est bien le dessin de Killofer. Son trait tout en rondeur et ses couleurs flashys tranchent radicalement avec la cruauté du scénario et aident à faire passer la pilule. Un style un peu « arty », plein de couleurs acidulées et contrastées et de formes géométriques déstructurées voire décalées, qui détone et se révèle idéal pour illustrer cet univers dépourvu de pesanteur, où les monstres marins les plus variés et extravagants se meuvent dans tous les sens et positions possibles. Bestiaire follement original, décors subaquatiques joliment imaginés, personnages principaux hyper classes … Killofer s’est fait plaisir et cela se voit. Résultat : un album aussi attrayant graphiquement qu’il est repoussant scénaristiquement.