Sept, c'est une bonne note vu le faux départ que j'ai eu avec cette série. Je n'ai pas du tout accroché au premier tome. Le choc était artistique. Tim Sale joue dans un registre totalement imparfait, ses planches semblant constamment abandonné en cours de créations. Si la mise en scène de dessins reste très bonnes et certaines planches font leur effet, j'ai passé le premier tome à râler sur la différence de finition visible sur un même dessin. Le mélange peinture et dessin traditionnel permet à l’auteur de proposer de superbes fonds, le rendu du ciel ou de l'espace faisant figure d'exemples. Mais à coté, y'a ce coup de crayons qui va juste à l’essentiel. On se tape des panoramas avec des immeubles sans fenêtre, des routes à virages à angles droits. Les détails ne sont réservés qu'aux premiers plans, le reste abandonné tel un croquis vite esquissé.
Le pire, c'est que ça se ressent aussi avec les personnages. Leur chara-designs en prend un coup. Clark ressemble à un bébé de 2m10 pour 120 kilos avec son visage bouffi. La crédibilité de l'homme d'acier en prend un coup. Et toujours cette inégalité dans la représentation des visages, semblant changer de cases en cases. Probable que le style graphique plaise à certains, mais je trouve qu'il dessert totalement le superbe travail de Jeph Loeb à l'écriture.
Quatre tomes pour quatre saisons. Chacun apporte un point de vue sur Superman, raconté par un personnage central du lore (Jonathan, Loïs, Lex et Lana) Pour au final une réflexion sur sa condition, son rôle parmi les humains, sa solitude et tout ce qu'il a à apporter à ceux qu'ils protègent. Le message est fort, souvent appuyé par des planches lourdes de sens. Le choc fut pour moi sur le tome 3 avec le destin de la biochimiste (et la superbe référence à Orange Mécanique), suivi du final aux accents dramatiques laissant entendre un drame à venir. On prend bien conscience du tout que forme cette mini-série. Et on tombe d'empathie pour cet alien si indestructible mais tellement fragile en même temps. L'humanisation du personnage est totale.
Et je maudits d'autant plus le traitement graphique de ne pas rendre hommage à l'écriture soignée. C'est presque un crime à ce niveau-là. Mais bravo à Loeb pour avoir réussi à me faire complètement changé de point de vue alors que j'étais rempli d’aprioris après un début qui ne m'envoyait pas du rêve. Résultat, j'ai enchainé le reste comme un mort de faim, pris dans le destin du Kryptonien.