"C'est beau !"
C'est la remarque que je me suis fait lorsque j'ai pris en main cette BD et que j'ai découvert pour la première fois la couverture. Elle est vraiment réussie : Les tons sont chauds, le dessin soigné et fait passer beaucoup d'informations. Lorsque l'on ne connaît pas le synopsis, ce genre de couverture est intéressante, intrigante.
En tournant les pages, j'ai pu apprécier toute l'étendue de cette qualité graphique (et talent du dessinateur) à partir des différents paysages, angles de vue, d'animaux. J'ai pris autant de plaisir à découvrir les rebondissements qu'à observer toutes ces cases bien construites, abouties.
Ce n'est pas souvent qu'une histoire anthropomorphique ne soit pas destinée aux enfants. Ce choix est réussi grâce à un scénario bien pensé. J'ai apprécié la vitesse de narration : Ça ne va pas trop vite, les auteurs ne mettent pas immédiatement dans un bain de violence les personnages principaux. Au contraire, les caractères de chacun se dessinent peu à peu.
Finalement, la confrontation du monde animal au monde humain permet de mettre en lumière la cruauté de notre civilisation. L'épisode de la marée noire, le traitement infligée à un lion de compagnie, la fin de l'histoire etc. nous montre les conséquences de la guerre, de l'industrie de l'homme sur la nature. Je n'y vois pas de tentatives moralisatrices mais davantage la volonté de nous montrer la difficulté à cohabiter pour ces deux mondes. Et cela est plus particulièrement marqué pour l'un que pour l'autre.
Une petite chose qui me laisse penser que les choix scénaristiques sont pertinents : L'histoire nous explique comment des lions vivraient s'ils s'échappaient du zoo de Bagdad (ce fait est véridique). Les auteurs auraient pu les confronter davantage à l'homme mais ils ne l'ont pas fait. Ceci afin, je pense, de garder une certaine authenticité : Des lions se comportent comme des lions, ils chassent, se reproduisent, découvre le territoire... Et finalement c'est lorsque cette rencontre a vraiment lieu qu'elle est douloureuse et nous montre que cette cohabitation sera de plus en plus difficile.