Dans la lignée des Julius Corentin Acquefacques, on retrouve le goût de Marc-Antoine Mathieu pour les paradoxes à la Borges, les archives, les mises en abyme et les anagrammes. Évidemment tout en nuances de noir et blanc. Cette fois, c’est le musée du Louvre qui fait l’objet du jeu. Pas les salles du musée, mais ses réserves souterraines et fantasmées, explorées par Eudes Le Volumeur, expert en art et probable double de l’auteur.
Un passage reprend, du reste, le thème de l’exploration de l’œuvre dans l’œuvre qui était au centre du Dessin, avec les interrogations sur la notion de copie qui vont avec. De même, on croisera un Léonard de Vinci auteur de plusieurs Joconde légèrement différentes exposées « là-haut, dans la grande galerie… Mais… à tour de rôle ! » (p. 54). Le génie de la Renaissance redoute l’invention du daguerréotype. Autrement dit, c’est parfois drôle, toujours intelligent et précis et on ne trouve – aucun rapport ! – pas plus de femmes que dans Acquefacques.
Un autre personnage, un expert en cadres qui ressemble à Roland Barthes (?), s’enthousiasme quant au potentiel d’une forme d’art constitué d’« une suite de tableaux se succédant chronologiquement… de telle sorte à former un récit. En d’autres termes, une narration picturale séquentielle. […] Peut-être, un jour, ces essais auront-ils l’écho qu’ils méritent » (p. 48). De fait, les Sous-sols du Révolu constituent toujours une exploration des contraintes formelles du neuvième art, que vous pourrez objecter à quiconque pense que la bande dessinée consiste en petits Mickeys qui s’agitent vaguement en des aventures sans surprise ni enjeu.
Manque tout de même à cette œuvre – de commande ? en tout cas co-éditée par le Louvre – une véritable trame narrative qui lui aurait donné un peu de consistance, l’accumulation d’épisodes sous forme d’« extraits du journal d’un expert » (c’est le sous-titre) tournant parfois à vide. Je me plais à imaginer ce qu’aurait fait l’auteur s’il avait davantage exploité, par exemple, les points de suspension entre crochets qu’on trouve ici et là dans la narration d’Eudes Le Volumeur.