Carlos Guimenez nous offre un portrait froid et réaliste de la guerre d'Espagne. Évitant les scènes de combat, les relations militaires et politiques mais en se focalisant sur l'essentiel : la vie de la population, engagée ou non dans un camp, durant cette longue période.
Série de petites scènes réunies en 4 parties et un gros ouvrage, c'est un panorama complet de la guerre d'Espagne, des débuts flamboyants et remplis d'espoirs rapidement fauchés à la reddition et l'arrivée de Franco dans Madrid, ou l'on montre que, finalement l'important était surtout de réussir à trouver à manger. Avec un trait simple mais réaliste, c'est toute la période du prélude à Franco qui se dévoile sous quelques coups de crayons nous illustrant lex vexations, les manques, l'attente et l'incertitude chronique de la période.
C'est une période que je ne connaissais que très peu sans m'y être réellement intéressé, d'autant qu'elle n'est pas vraiment enseignée, que ce soit au collège ou au lycée, pour tous les non-hispanisants. Le seul écho qui a pu résonner à la lecture de ces planches est l'hommage à la catalogne, qui illustre cependant bien plus l'attente et la vie du soldat, proche en cela d'un Buzzati. Ici, avec cette description fine de la vie madrilène, on est finalement plus proche du Grand-peur de Brecht, avec sa multitude de saynètes et de personnages, qui effondrent les uns après les autres.
Une œuvre forte, essentielle, pilier du 9ème art, peut être aussi importante que le Maus de Spiegelman car portant sur des évènements moins relayés et médiatisés. Une oeuvre réussie également qui donne envie de se procurer les deux autres tomes de la trilogie consacrée à Franco, Paracuellos et Los Profesionales.