Un épisode one-shot plutôt décevant pour la huitième aventure de Yoko Tsuno, presque sans rapport avec le reste de la série, et qui fait apparaître une race d’insectes qu’on ne reverra plus jamais par la suite. Roger Leloup avait de longue-date une passion pour les insectes, cet album lui permet d’y donner libre-court : dommage que cette race des Titans soit le seul élément travaillé du récit, au détriment de tout le reste.
L’album a beaucoup vieilli : une race d’insectes géants, organisés de façon totalitaire, et faisant primer la collectivité sur la survie de l’individu, cela ne surprend plus beaucoup aujourd’hui. Seul le personnage de Xunk, cet insecte paria, semble d’ailleurs intéresser Roger Leloup dans cette intrigue : si lui est bien traité et plutôt attachant, tout le reste de la civilisation des insectes manque de profondeur. On regrettera la naïveté du propos, qui oppose les méchants Titans à une Yoko Tsuno dopée à la tolérance absolue ...
Le scénario lui-même est mal bâti : l’intrigue prend un certain temps à se lancer véritablement, et Roger Leloup a beaucoup de peine à expliquer pourquoi Yoko, Vic et Pol se retrouvent de nouveau à Vinéa (vous avez traversé dix galaxies durant 3 mois pour ... amener une collection d’insectes et deux boîtes de DDP ?). Le dernier tiers de l’histoire relève un peu la note, lorsque la porte climatique entre dans le récit. Mais Roger Leloup semble en mal d’inspiration, pour preuve il résout toute l’intrigue en vitrifiant la zone avec une déflagration quasi-nucléaire : un retournement brutal, assez éloigné de la subtilité qui caractérise habituellement les intrigues de Yoko Tsuno.
Côté dessin, les insectes passent au premier plan, ils sont plutôt bien rendus : pattes renforcées en titane, Grand Migrateur en symbiose avec son vaisseau, voilà de bons éléments de SF. Dommage que Roger Leloup soit passé plus rapidement sur tout le reste de l’univers : les arrière-plans sont invariablement blancs, les couleurs sont fades, et situer toute l’action ou presque dans des marais verdâtres n’était peut-être pas une excellente idée ... Même le découpage des strips est assez brouillon, souvent beaucoup trop resserré, au point d’asphyxier la lecture de l’album.
Un épisode isolé et déconcertant : visiblement nourri de bonnes intentions, mais toutes mal exploitées. Heureusement, comme les Titans ne réapparaîtront plus jamais dans l’univers de Yoko Tsuno (ce qui est là aussi décevant...), cet album n’impacte pas beaucoup le reste de la série. Seul élément vraiment intéressant : Roger Leloup nous offre la première vision de Vinéa restaurée, depuis la remise en état de son troisième soleil.
Une erreur de parcours, à oublier.