Du tout au rien, du rien au tout…
Moi, avec « Thorgal », c’est souvent le jeu des montagnes russes.
Pas très fan de fantastique, j’avoue que je décroche rapidement d’une intrigue dès que déboulent des lutins, des magiciens et autres trucs qui ont l’air de nous dire en permanence « ta gueule c’est magique ».
Non pas que je sois hostile à un débridement de l’imagination. C’est juste que pour que je puisse me sentir pleinement impliqué dans une intrigue, j’ai besoin de connaître les principes et limites sur lesquelles elles reposent.
Or, dès qu’il y a de la magie ou des créatures fantastiques qui rentrent en cause, tout de suite tout devient permis, si bien qu’il devient difficile de craindre quoi que ce soit pour le héros.
Du coup, ceux qui auront lu ce Tome 3 l’auront vite compris : cette introduction m’a vite laissé sur le bas-côté tant elle cochait les cases de tout ce qui me gave.
Un lutin qui déboule comme ça en mode aléatoire sur le chemin lui aussi aléatoire du couple le plus nunuche du monde.
Face à cela, Aaricia – cette cruchette – se fait encore capturer bêtement et – pour le coup – totalement à cause de son insouciance et sa stupidité. (ans cet épisode, cette fille c’est une fusion entre Eve et la Princesse Peach : avouez qu’on a connu plus intéressant dans l’histoire de la dramaturgie).
Bref, voilà un album qui, pour moi, était bien mal parti...
Et pourtant...
Déjà, visuellement, cet album est juste magnifique.
En termes de composition et d’atmosphère c’est très riche, très inventif, et surtout c’est totalement dans le ton du précédent épisode, c’est-à-dire quelque-chose qui séduit pas sa dimension sombre et presque morbide…
La seule cité d’Aran (avec son château) en impose vraiment, et ce n'est qu'un début.
Et puis, au-delà du visuel et de l’atmosphère générale, il y a aussi ce talent qu’a Van Hamme – et qu’on ne peut lui retirer selon moi – à savoir user des ficelles classiques mais efficaces de la narration.
Qu’il s’agisse du tournoi, de la manière dont chaque épreuve révèle les protagonistes, et surtout du cheminement qui conduit Thorgal à comprendre la logique et la cohérence de cet univers, je trouve que ça fonctionne du tonnerre.
...Parce qu'en plus, pour peu qu'on ait déjà lu le reste de la saga, on sait que tout ce qui parait tordu dans cet album sera par la suite justifié intelligemment justifié par les albums suivants !
Donc vraiment - sur ce point - vraiment : chapeau.
A tout prendre, ce tome 3 est juste d'une efficacité redoutable.
C’est sans faute de rythme. Ça s’inscrit parfaitement dans la dynamique visuelle propre à la B.D., si bien qu’au final, qu’il y ait des lutins et des princesses Peach je m’en suis un peu foutu.
En d'autres mots, tout ça marche du tonnerre.
Donc moi, je me régale, tout simplement…