Sève/Nécrose, on s'aime, on se déchire
Swamp Thing tome 1 fut une merveilleuse découverte, se plaçant même dans mon top 3 des new52 publiés par Urban. C’est sombre, oppressant, malsain, et avec toujours cette petite lueur d’espoir qui fait qu’on y croit. Scott Snyder nous envoute avec sa saga opposant la Sève (et le Sang dans Animal Man par Jeff Lemire) à la Nécrose, ont et littéralement happé par l’histoire et hypnotisé par les fabuleux dessins et la fantastiques et dynamiques mise en page de Yanick Paquette.
Alex Holland est redevenu le Swamp Thing, l’avatar sur Terre de la Sève, force primale du règne végétal. Hérault rappelé à la vie par le Parlement des Arbres, il doit lutter contre l’emprise de la Nécrose sur le monde et son incarnation sur Terre : Sethe Arcane. Bien qu’aidée par la soeur de ce dernier, Abigail, la Créature du Marais échoue et meurt… pour mieux renaître, plus puissante et débarrassée de toute humanité. (contient Swamp Thing Vol. 2 : Family Tree – SWAMP THING #8-12 et ANIMAL MAN #12)
Alec Holland a donc enfin accepté son statut, son rôle de Swamp Thing, de Créature du Marais. Et sa première décision, au grand dam du Parlement des Arbres, est d’aller sauver sa douce et très belle Abigail. Et le moins que l’on puisse dire c’est que maintenant qu’il a accepté sa condition d’avatar de la sève, il envoie du lourd. Je vais en reparler plus loin mais cette opposition de Swamp Thing à la Nécrose est tellement mise en valeur par les dessins de Yanick Paquette. Sa mise en page, sa découpe donne un rythme élevé à l’action et à l’histoire.
Swamp Thing est donc à la recherche d’Abigail, malheureusement pour lui, celle qu’il va trouver ne va pas tellement correspondre à ce qu’il espérait. Au final le combat sera à sens unique, Swamp Thing ne devant sa survit à des pêches au sirop. Et finalement le sauveur deviendra le sauvé, la sauvée devenant donc la sauveuse. Dans Swamp Thing il y a l’histoire du lien entre la Nécrose, la Sève et le Sang mais aussi sur un autre lien, tout aussi puissant, celui entre Alec et Abigail. Un lien tellement fort que l’on ne peut que craindre pour leur futur, tellement leur histoire nous rappelle Roméo et Juliette. Cette nouvelle Abigail est encore plus belle, plus sensuelle, plus envoutante.
Viens ensuite un chapitre où l’on en apprend un peu plus sur Abigail et où l’on se rend compte de la puissance de la jeune femme. Les deux tourtereaux rentrent au marais. On a la surprise d’y découvrir ceux que Sawmp Thing a réussit à sauver. Et l’on assiste aussi et surtout à l’arrivée d’Anton Arcane, avatar surpuissant de la Nécrose. Pourtant il ne devrait pas se trouver là. Mais tout comme dans Animal Man où on se rend compte que les Totems de Sang ne se posent pas forcément de limite, ici le Parlement des Arbres aurait agit de façon contraire au statut quo entre la Nécrose, la Sève et le Sang avec l’apparition de leur avatar en Alec Holland. Bref les trois sont louches au final.
Commence ensuite le prologue au grand cross entre Animal Man et Swamp Thing : Nécromonde ! On retrouve donc ici le chapitre #12 d’Animal Man qui est en fait la première partie du prologue à cette saga. Qui sert surtout de première approche entre la famille Baker et le duo Alec/Abigail. Quelques tensions entre les deux femmes.
La deuxième partie du prologue, le chapitre #12 de Swamp Thing nous montre l’arrivée d’Animal Man et Swamp Thing dans le Nécromonde et on réalise avec effroi, que tout, depuis le début des deux tomes d’Animal Man et les deux tomes de Swamp Thing, se déroule selon la volonté de la Nécrose, mais ça je vous laisse le découvrir.
A noter que les deux parties du prologue sont écrites par Jeff Lemire et Scott Snyder ensemble.
Tout comme dans Animal Man tome 2, on a ici aussi la présence de l’annual 0, qui nous permet de faire plus ample connaissance avec Anton Arcane et avec son extrême cruauté. Scène choc pour moi dans ce chapitre avec le bébé. Mais cela colle parfaitement avec le personnage. C’est un véritable monstre au propre comme au figuré. On y découvre également qu’il n’est pas innocent dans la transformation d’Alec Holland en Swamp Thing.
Comme pour Animal Man, ce tome 2 de Swamp Thing ne baisse pas en régime, bien au contraire, on continu de monter en intensité. De la tendresse, de l’horreur, de la tristesse, de l’espoir. Il y a tout les ingrédients d’une grande saga. Et le cross qui s’annonce, dans les tomes 3 de Swamp Thing et d’Animal Man, risque fort encore de grimper d’un cran. Il faut tirer un grand coup de chapeau à Scott Snyder qui nous rend cette Créature du Marais tellement accessible, tellement intéressante. On rentre de suite dans l’histoire et on arrive à fermer le livre seulement une fois l’histoire terminée. Que l’attente va être longue. Le petit plus (gros plus) c’est ce lien entre Alec et Abigail, amour impossible entre la Sève et la Nécrose et pourtant tellement flagrant. Histoire qui nous touche d’autant plus, qu’il est quasiment sûr, selon moi, que sa fin sera terrible pour nos petits cœurs.
Au niveau des dessins, je regrette de ne voir Paquette seulement sur les deux premiers chapitres de ce tome 2. A l’instar de Foreman sur Animal Man, il fait parti du truc qui fait que ce titre est si bon. Ses dessins sont absolument magiques, sa mise en page tellement originale, elle donne vie à l’histoire. Son remplaçant, Marco Rudy, travaille dans la même lignée mais il manque quelque chose. Il manque tout simplement le petit truc qui fait que c’est Yanick Paquette. A noter également un chapitre dessiné par Francesco Francavilla, que j’adore, mais qui je trouve dénote trop de l’univers artistique mis en place par Paquette. Ajoutons à cela le chapitre d’Animal Man dessiné par Steve Pugh, et on obtient au final une qualité graphique au final, sur tout le tome, assez déséquilibré, c’est dommage.
Bref là aussi essai transformé. L’univers de la Sève est aussi génial qu’il est bizarre. L’univers de la Nécrose aussi effrayant que malsain. Voir ces deux univers se déchirer, se combattre, alors que leurs deux représentants s’attirent, se cherchent, s’aiment est juste super bien pensé. Le mélange enfin de cette série avec sa consœur pour le gros crossover « Nécromonde » annonce encore du meilleur par la suite. Bref je suis conquis, petit ombre au tableau avec le mélange graphique, mais rien qui ne gâche le plaisir de se plonger dans cet univers