Lou, c’est un peu cette copine d’enfance que vous retrouvez des années plus tard, changée, avec une coupe de cheveux improbable et des réflexions existentielles qui vous font vous demander : "Mais qu’est-ce qui s’est passé depuis qu’on ne s’est pas vus ?" Sonata, tome 1, c’est ça : un retour, mais avec une vibe mélancolique, comme un coucher de soleil qu’on regarde seul, en mangeant un cupcake un peu trop sec.
Julien Neel, visiblement, a voulu emmener son héroïne préférée sur des chemins plus adultes. Exit les aventures légères pleines de folie douce et de post-it colorés. Ici, Lou se pose des questions, beaucoup de questions. Sur elle, sur le monde, sur l’amour, sur l’univers… Bref, Lou est passée en mode "adolescente introspective en crise". C’est touchant, mais un peu lourd par moments, comme un journal intime qu’on aurait envie de refermer pour se mettre plutôt un bon vieux Disney en fond sonore.
Graphiquement, rien à dire : Julien Neel maîtrise son art. Les planches sont toujours aussi belles, avec ces teintes pastel qui donnent envie de s’emmitoufler dans une couverture et de boire un thé (même si Lou, elle, doit être passée au café noir vu son mood). Les décors, les expressions, tout est détaillé et empreint d’une délicatesse qui fait plaisir à voir. Mais voilà, on regrette un peu ce grain de folie des premiers tomes, cette insouciance qu’on retrouvait dans chaque bulle. Là, c’est joli, mais un poil trop sérieux.
Côté scénario, Sonata marque une transition. Une transition qui, comme toute transition, est un peu bancale. L’histoire avance lentement, comme si elle hésitait entre plusieurs directions. Les thématiques sont plus adultes, mais elles manquent parfois de punch. On sent que Neel veut faire grandir Lou avec ses lecteurs, mais dans cet élan, il a un peu oublié de lui garder son charme d’antan. Résultat : Lou est là, mais elle n’est plus tout à fait Lou. Ça intrigue, mais ça déroute aussi.
En conclusion, Lou ! Sonata, tome 1 est une belle œuvre visuelle et un pari narratif audacieux, mais qui donne l’impression d’être un peu coincée entre deux âges. C’est comme retrouver une vieille amie, mais se rendre compte qu’on n’a plus tout à fait les mêmes délires. Alors on reste, par nostalgie et curiosité, mais avec l’espoir que Lou retrouve un peu de cette étincelle qui faisait tout son charme. Parce qu’après tout, on l’aime bien, Lou, même avec son côté "drama queen pastel".