Il faut avouer que la lecture de "Locas" désoriente d'abord : multiplicité des personnages, succession d'aventures ou de chroniques à la longueur et au rythme disparates, oscillation permanente entre la réalité de la jeunesse latino de Los Angeles, et un univers vaguement futuriste paradoxalement traité avec autant de réalisme... Jaime Hernandez frappe fort, et l'on comprend peu à peu pourquoi ces excitantes "Locas" sont aujourd'hui considérées comme un modèle du genre, voire l'exemple ultime de ce que la BD peut faire lorsqu'elle s'attèle à nous parler de nous, de nos désirs (même bisexuels, comme ici...) et de notre résistance à un monde absurde et pourtant enivrant. Au bout des 350 pages, Hope et Maggie sont devenues nos sœurs, nos amies, nos amantes. Vivement le deuxième tome... [Critique écrite en 2006]