Love Hina est le second manga de Ken Akamatsu après le succès relatif de Ai-Non Stop, l’auteur connaîtra définitivement un succès international après la réussite de Love Hina. Cette œuvre, parue entre 1999 et 2002, nous raconte l’histoire de Keitaro, un jeune garçon qui tente désespérément d’intégrer Todaï pour la troisième fois afin de réaliser une promesse qu’il a fait étant enfant. Pour mettre toutes les chances de son côté, il va s’installer dans la pension détenue par sa grand-mère afin de pouvoir étudier dans un environnement calme. Toutefois, Keitaro est bien surpris quand il se rend compte que la pension est maintenant une pension pour femme et qu’il devra cohabiter avec une cohorte de jeunes femmes dont il s’est attiré les foudres avec sa maladresse. Parmi ces femmes, se trouve Naru de deux ans sa cadette qui tente elle aussi d’intégrer Todaï. Ensemble, Keitaro et Naru vont tout tenter pour décrocher le précieux sésame.
On retrouve dans Love Hina de nombreux éléments qui étaient déjà présent dans son premier manga. L’abus de nudité, justifié dans Ai-Non Stop par le caractère informatique des femmes qui se matérialisaient donc sans vêtement, ici justifié par un Onsen. Le même protagoniste qui est complètement désespéré à l’idée d’avoir une relation avec la gente féminine, complètement gaffeur, mais tellement épris d’une fille qu’il fera tout pour la séduire. Et comme précédemment, la présence d’un harem de jeune femmes qui feront tout pour séduire le héros et tomberont toutes sous son charme. Toutefois, là où Ai-Non Stop montrer une volonté, certes superficielle, d’aborder les progrès de l’informatique et de notre rapport à la machine, dans Love Hina, Akamatsu décide de faire fi de toute thématique.
Ainsi, on se retrouve dans un manga qui ne développe rien, dont le seul objectif semble intégrer Todaï, qui bien que réussissant à crée un peu de suspens dans les premiers tomes, devient complètement artificiel par la suite, prolongeant artificiellement la route jusqu’à cet objectif. (Keitaro se casse les jambes et ne peut pas suivre les cours ou encore Keitaro part dans une université américaine.) Le manga n’est donc qu’une succession de scénette sans importance pour l’intrigue globale, vaguement humoristique ou plutôt réitérant à chaque fois le même humour. Keitaro est maladroit, Keitaro a un geste déplacé envers une jeune fille de la pension, réaction de Naru ou autre. La proportion de gag est telle que j’ai parfois eu l’impression d’être dans un gag manga. Enfin, un mauvais gag manga qui ne prenait jamais la peine de renouveler les tenants de son humour. C’est comme regarder un sitcom qui sur l’intégralité de ses épisodes refait toujours la même vanne éculée. De plus, cette proportion à tout rendre humoristique rend nul toute tentative de rendre la série dramatique ou de nous impliquer émotionnellement. C’est un peu la recette Marvel avant l’heure où au moindre moment qui pourrait être un peu intense vient se greffer une blague.
Bien que la répétitivité rend la lecture douloureuse, ce n’est même pas ce qui me fait mettre une telle note. Love Hina constitue selon moi une absence totale de fond. Jamais le manga n’a le moindre propos sur ce qu’il montre, la moindre idée. Sans en faire un drame social, le manga aurait pu explorer : la compétitivité pour accéder aux plus hautes universités, la pression des parents, le fait que remporter un concours signifie quelqu’un d’autre échoue. Non, ici tous les protagonistes au bout d’un moment veule rejoindre Todaï pour des raisons puériles et tous finiront par y arriver. Alors oui, on pourrait y voir un beau traité sur la persévérance, sur le fait de vouloir réaliser son rêve, sauf que comme je l’ai dit, aucun d’entre eux ne veut aller à Todaï pour une raison précise. Aucun personnage n’a aucune idée de ce qu’il veut faire une fois passé le concours d’entrée. On pourrait y voir une belle démonstration du nihilisme des études japonaise où le prestige de l’université compte davantage que notre intérêt pour un cursus particulier sauf que miraculeusement, tous les personnages trouvent leur vocation une fois intégrée.
Même l’histoire d’amour qui est sensé être le fil rouge de l’intrigue est vraiment convenue et inintéressante. Dès le premier tome, on sait qui sera le couple final et bien que le manga arrive à faire monter la tension dans ses premiers tomes, il devient rapidement rébarbatif de voir Keitaro et Naru se tournaient autour et ne rien tenter pour des prétextes futiles. De même toutes les intrigues exploitant un éventuel triangle amoureux deviennent sans impact, car on sait pertinemment comment l’histoire finira. Même quand le manga aura l’opportunité d’exploiter un angle intéressant, l’auteur semble immédiatement refuser. Faire que Naru ne soit pas la fille de promesse aurait permis permettant d’amener un propos sur l’évolution des sentiments, de vivre dans le présent, de ne pas sacraliser ainsi le passé. Mais non, faisons en sorte que le manga soit convenu jusqu’au bout.
Love Hina est tout simplement vide toute substance et me semble être juste le produit soit d’un auteur médiocre soit d’une stratégie marketing extrêmement bien calibré pour éveiller l’intérêt avec sa nudité et son humour, des jeunes adolescents de sexe masculin.